Tunisie : « menaces sérieuses » contre Kaïs Saïed, l’opposition sceptique

Le ministère de l’Intérieur tunisien a mis en garde contre une tentative d’atteinte à la sûreté du président. L’opposition dénonce un prétexte pour justifier de nouvelles arrestations dans un pays en crise politique.

Le président tunisien Kaïs Saïed lors d’un discours à Sidi Bouzid, le 20 septembre 2021. © Slim Abid/AP/SIPA

Publié le 25 juin 2022 Lecture : 2 minutes.

Le ministère de l’Intérieur en Tunisie a affirmé le 24 juin que le président Kaïs Saïed faisait l’objet de « menaces sérieuses » contre sa personne, dans un pays en proie à une crise politique depuis qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs.

« Selon des informations sûres et des investigations toujours en cours […] le président de la République et l’institution présidentielle sont la cible de menaces sérieuses », a indiqué à la presse Fadhila Khelifi, porte-parole du ministère. Selon elle, les autorités ont mis au jour « un plan impliquant des parties intérieure et extérieure ciblant la sûreté du président », dans le but de « porter atteinte à la sûreté de l’État et créer le chaos ». Elle n’a pas fourni davantage de précisions sur le plan en question où les parties qui en seraient à l’origine.

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Doutes sur la véracité

Ahmed Nejib Chebbi, chef d’une coalition de partis d’opposition, s’est montré dubitatif face à cette annonce du ministère de l’Intérieur. « C’est pour justifier de nouvelles arrestations et pour se venger de ses adversaires », a-t-il dit, soulignant que « le président est politiquement isolé et cherche à susciter une certaine sympathie au sein de la population à son endroit ».

Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président Saïed, a pour sa part dénoncé, par la voix de son porte-parole Imed Khemiri, « une mise en scène » visant à détourner l’attention de la crise politique.

L’ancien Premier ministre arrêté

Ennahdha a aussi apporté son soutien à son ex-président et ancien Premier ministre Hamadi Jebali, arrêté le 23 juin en lien pour des soupçons de blanchiment d’argent. Le ministère de l’Intérieur a affirmé au lendemain de l’arrestation de Jebali, démissionnaire d’Ennahdha depuis 2014, que celle-ci était liée à une affaire de transfert d’importantes sommes d’argent de l’étranger au profit d’une association caritative. « C’est un règlement de comptes visant les adversaires politiques », a contesté Khemiri, le porte-parole d’Ennahdha. Selon lui, Jebali a entamé une grève de la faim pour dénoncer son arrestation « sans fondement ».

La Tunisie traverse une profonde crise politique depuis le coup de force de Kaïs Saïed le 25 juillet 2021. Le président avait alors suspendu le Parlement et limogé le gouvernement. Depuis, le président se trouve sous le feu d’intenses critiques de l’opposition pour l’avoir exclue d’un dialogue national sur une nouvelle Constitution qu’il prévoit de soumettre à référendum le 25 juillet. Cette dernière dénonce un texte taillé sur mesure pour lui.

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Avec AFP

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