Pour beaucoup, à Dakar, à Abidjan ou Yaoundé, la vente par Bolloré au suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) de ses activités logistiques et portuaires sur le continent a sonné comme la fin d’une époque où l’Afrique occupait encore une place importante au sein du groupe français. L’accord a pris par surprise plusieurs palais qui, loin de se douter que des négociations étaient en cours, n’ont pas apprécié d’être mis devant le fait accompli. Partenaire historique d’une quarantaine d’États, l’entreprise venait de leur tourner le dos.
Rassurer les chefs d’État
« Ce n’est absolument pas le cas, notre présence au sud du Sahara va se poursuivre et s’inscrire dans la durée. Pour ce qui est du transport, si la transaction va à son terme avec le Groupe MSC, les équipes de Bolloré Africa Logistics (BAL) assureront la continuité des activités au service de leurs clients et des populations locales. Tout ce qui a été bâti par nos équipes sur des décennies continuera à bénéficier à l’Afrique et aux Africains. Par ailleurs, Bolloré Logistics restera un spécialiste de l’Afrique et continuera de connecter le continent au reste du monde grâce à son réseau présent partout ailleurs », assure Fabricio Protti, directeur général adjoint du groupe Bolloré.
Notre présence au sud du Sahara va se poursuivre et s’inscrire dans la durée
À Puteaux, en région parisienne, au 17e étage de la tour qui porte son nom, Cyrille Bolloré, l’héritier nommé président directeur général en 2019, sait qu’il doit encore rassurer sur ce point. Si son père, Vincent, a noué des liens personnels avec plusieurs présidents et ex-présidents comme Alassane Ouattara ou Alpha Condé, lui apparaît beaucoup moins connecté aux pouvoirs africains – ne serait-ce que du fait de la différence d’âge avec cette classe dirigeante. “Cyrille rencontre et travaille avec les chefs d’État, les pouvoirs publics et les représentants de la société civile dans tous les pays où le groupe est investi et engagé”, précise sur ce point Fabricio Protti.