La barbe, poivre et sel, hirsute, lui mange le visage. Il est plus enrobé que lors de ses derniers spectacles en France, et ceux qui l’ont perdu de vue depuis qu’il a posé ses valises à Kribi, sur les bords de l’Atlantique, peinent à le reconnaître. Désormais installé au Cameroun, Dieudonné M’Bala M’Bala, 56 ans, se balade en boubou floqué d’une carte de l’Afrique sur la poitrine, côté cœur. La tenue n’est pas sans rappeler celles qu’arborait Mouammar Kadhafi dans les dernières années de sa vie ou celles qu’affectionne aujourd’hui l’agitateur afrocentriste Kemi Seba. Et il n’est pas sûr que l’une ou l’autre de ces comparaisons lui déplaise.
Sphère complotiste
Dans son nouveau pays de résidence, celui qui fut souvent décrit comme « l’un des comiques les plus doués de sa génération » n’est plus qu’une ombre fugace et insaisissable. Son téléphone français ne répond plus. Il n’accorde pas d’interview et se garde de parler aux journalistes. Ses amis se méfient et se ferment aussitôt qu’on les questionne. Ceux qui acceptent de se prêter au jeu parlent de lui avec prudence et circonspection. Ils ne croient pas qu’un journaliste puisse traiter le sujet Dieudonné sans a priori. Le polémiste a changé d’air, mais il a voyagé avec la sphère complotiste dans laquelle il évoluait ces dernières années.