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Africa CEO Forum 2022 : les nouveaux chemins de la prospérité
« Comment voulons-nous rester dans l’histoire ? Comme simples consommateurs ? Ou comme transformateurs de notre potentiel et de nos ressources ? » C’est avec cette interpellation que Kate Fotso, la patronne de Telcar Cocoa résume le défi que doit relever l’Afrique pour conquérir son indépendance économique. Cette question, au cœur de l’Africa CEO Forum qui se tient à Abidjan, a été débattue lors d’une table ronde ce 13 juin.
Le constat de départ est sans appel : la dépendance de l’Afrique à l’extérieur est supérieure à celle des autres continents, 84 % de ses échanges commerciaux s’effectuant avec le reste du monde. « Ce n’est pas un hasard si l’Afrique, qui est le continent échangeant le moins en son sein, se trouve aussi être le plus pauvre », a pointé le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, voyant dans l’essor de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) la seule voie de sortie pour les pays africains.
Quelques instants plus tôt, lors de la cérémonie d’ouverture, le président ivoirien Alassane Ouattara disait peu ou prou la même chose. « La crise actuelle a révélé les vulnérabilités [de la mondialisation] et marque une remise en cause du commerce international. Ce qui est très perturbant pour les pays en développement », a notamment mis en garde le chef de l’État ivoirien.
Fintech, alimentation, logement
Dans un contexte difficile lié aux conséquences de la pandémie et de la guerre en Ukraine, Makhtar Diop, le directeur général d’IFC, filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, a insisté sur la nécessité d’accélérer la coopération entre acteurs publics et privés via des discussions ciblées, mettant en avant trois secteurs prioritaires : la fintech, l’alimentation et le logement.
Deux autres leviers ont été mis en lumière. Le vice-président nigérian Yemi Osinbajo a plaidé pour une refonte de la fiscalité mondiale, notamment celle sur les multinationales, afin qu’elle soit plus favorable au continent quand le gouverneur de la banque centrale du Kenya, Patrick Ngugi Njoroge, a rappelé l’urgence d’investir dans la formation du capital humain sachant que « certains des emplois du futurs sont encore à inventer ».
Alors que le continent n’a pas pu prendre toute sa part aux dernières révolutions et innovations industrielles, dont le nucléaire, Karim Beguir, le patron de la start-up tunisienne Instadeep, a souligné « qu’avec l’intelligence artificielle, il aura toutes ses chances » les technologies et savoir-faire étant en libre accès. « Il suffit de personnes motivées à se former pour faire émerger des talents africains », a-t-il ajouté.