Sur la longue ligne droite menant au palais, le dispositif de sécurité a été renforcé. Des plots en béton ont été ajoutés. Des chicanes ont été créées, pour forcer les voitures à ralentir. Dans des guérites rénovées, les militaires ont remplacé les gendarmes au sein du Groupement de sécurité et de protection républicaine (GSPR). Une fois le perron franchi, leurs supérieurs en treillis arpentent les couloirs feutrés. Pas de doute : les nouveaux maîtres de Kosyam, ce sont bien eux.
Dans le vaste hall d’entrée, les portraits des anciens présidents trônent sur des chevalets. Thomas Sankara, Blaise Compaoré, Roch Marc Christian Kaboré… Depuis peu, une nouvelle silhouette complète la collection. Un militaire au béret rouge, à l’air impassible : le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Cinq mois après son irruption au sommet de l’État, le nouveau « patron » reste un mystère. Rares sont ceux qui savent vraiment ce que cache ce visage aux traits poupins. L’homme n’est pas du genre bavard. « Il n’a jamais été d’un naturel loquace, mais là on sent qu’il prend encore plus ses précautions », confie un officier qui le connaît de longue date.
En six mois de pouvoir, deux discours à la nation en tout et pour tout. Pas un mot à sa cérémonie officielle d’investiture. Moins on en dit, mieux on se porte. En bon militaire, Damiba semble avoir fait sien cet adage. Sa communication est parfaitement verrouillée, images comprises. Quand le président se montre, souvent, seuls les membres de son service de communication sont autorisés à le filmer ou à le photographier.