Société

ICI : Islam-sur-Seine

Le nouveau bâtiment de l’Institut des cultures d’islam a été inauguré à Paris, le 28 novembre.

Mis à jour le 4 décembre 2013 à 14:43

Patrizia Guerresi Maïmouna pose devant ses photos durant l’inauguration de l’ICI. © ERIC FEFERBERG / AFP

C’est une belle idée, que les années à venir mettront à l’épreuve. Le 28 novembre, le nouveau bâtiment de l’Institut des cultures d’islam (ICI) a été inauguré en grande pompe à Paris, dans le très africain quartier de la Goutte-d’Or. Bertrand Delanoë, le maire de la capitale, Daniel Vaillant, celui du 18e arrondissement, et Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, se sont félicités de ce projet "inédit" visant à "valoriser les cultures d’islam dans un quartier symbolique".

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Porté par son énergique directrice, Véronique Rieffel, l’ICI a réussi à se faire remarquer grâce à une programmation artistique audacieuse. Son extension marque un tournant, puisque le lieu se divisera en salle de prière, salle d’exposition et hammam. Sans doute adeptes de la méthode Coué, Delanoë et Vaillant ont répété à l’envi qu’il s’agissait d’une "solution concrète et respectueuse du principe de laïcité contenu dans la loi de 1905" pour répondre au problème de "l’islam des caves" et des "babouches sur le trottoir". Qualifié de "grand bienfaiteur de l’islam" par Boubakeur, le maire de Paris a souhaité que la capitale "s’assume comme une ville-monde enrichie par toutes les cultures".

Si le coût du bâtiment est de 13,5 millions d’euros, la salle de prière a été vendue pour 2,2 millions à la Société des habous et lieux saints de l’islam, une association liée à la Grande Mosquée de Paris. Quand Daniel Vaillant assure dans le quotidien Le Monde que "la coexistence [du culte et de la culture] se fera en bonne intelligence, sans provocation d’un côté ou de l’autre", il soulève une bonne question. Un art qui ne provoquerait pas serait-il encore un art ?