Les autorités tunisiennes auraient pu se contenter de prendre acte du rapport de la Commission de Venise analysant les projets constitutionnels et institutionnels du président Kaïs Saïed. Le locataire de Carthage aurait pu laisser à son ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, le soin de transmettre la position de Tunisie au sujet de ce document, publié le 27 mai. Mais le président en a fait une affaire personnelle et semble estomaqué par l’avis critique, quoique purement consultatif, de ses pairs constitutionnalistes. Au nom de la souveraineté nationale, il s’est insurgé publiquement contre un rapport qui épingle les ambiguïtés et les contradictions des décrets qu’il a émis pour encadrer le référendum sur la nouvelle Constitution, prévu le 25 juillet prochain.
Estimant qu’il n’a pas de leçon à recevoir, il a déclaré persona non grata les représentants de l’instance européenne. Ahmed Driss, professeur de droit constitutionnel, directeur de l’École politique de Tunis et président du Centre des études méditerranéennes et internationales (Cemi), revient pour Jeune Afrique sur cet incident sans précédent avec le Conseil de l’Europe.