Burkina Faso : Damiba, Compaoré, Sankara et moi… Les confidences de Gilbert Diendéré

JA a rencontré le fidèle bras droit de Blaise Compaoré dans la cour de la Maca, où il est détenu depuis son putsch manqué, en 2015. Condamné à la prison à perpétuité à l’issue du procès Sankara, il espère toujours recouvrer la liberté.

Le général Gilbert Diendéré au tribunal militaire de Ouagadougou, le 9 novembre 2021. © SOPHIE GARCIA/Hans Lucas via AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 23 mai 2022 Lecture : 6 minutes.

Il est désormais un peu comme chez lui à la Maca, la Maison d’arrêt et de correction des armées à Ouagadougou. En ce samedi de mai, jour de visite, Gilbert Diendéré reçoit comme d’habitude à l’ombre de son manguier. Sur sa table en plastique, un thermos de café, des tasses, du sucre. Le général a beau être en détention, il reçoit comme si de rien n’était. Et propose même de l’eau tempérée ou glacée – au choix –, qu’il va chercher dans son frigo personnel. Pour un peu, ses visiteurs oublieraient le mur d’enceinte hérissé de barbelé et les miradors dans leur dos. Plus loin, des chevreaux gambadent, des soldats rigolent. Quand ils s’approchent de lui, certains le gratifient d’un garde-à-vous.

Certes, l’endroit n’a rien d’un Guantánamo. Mais voilà bientôt sept ans que le détenu le plus célèbre du Burkina Faso y est privé de liberté, coincé dans cette prison militaire décatie. Lui ne se plaint pas. Pas le genre de la maison. Il « supporte », dit-il. Moralement et physiquement. De fait, l’homme n’a guère changé. Toujours la même silhouette de grand échalas. Le même sourire timide, limite gêné, qui cache une détermination froide et une autorité naturelle qui en font, depuis des années, l’officier le plus redouté de l’armée burkinabè. Même en polo blanc et sandales, comme en cette matinée ensoleillée, Diendéré suscite la méfiance de ses compatriotes. La faute aux innombrables et basses besognes prêtées à l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, un président qu’il a loyalement servi durant près de trois décennies.

À commencer par un crime de sang qui a traumatisé le Burkina Faso : l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, le 15 octobre 1987. Trente-quatre ans après, le procès s’est enfin tenu à la fin de 2021. Parmi les principaux accusés, Gilbert Diendéré, mais aussi Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, le chef du commando qui a tué Sankara et ses camarades. Si ces deux derniers ne se sont jamais présentés à la barre, Diendéré était bien présent. Il a plaidé non-coupable, expliquant au fil des audiences qu’il n’était en rien responsable de ce drame. Pas de quoi, toutefois, convaincre le tribunal militaire de Ouagadougou. Le 6 avril 2022, le verdict tombe. Accusé d’« attentat à la sûreté de l’État » et de « complicité d’assassinat », il est condamné à la prison à perpétuité, la peine maximale, également infligée à Compaoré et Kafando.

Doublement condamné

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Thomas Sankara, héros national sans sépulture fixe

Blaise Compaoré sur le point de rentrer au Burkina Faso

[Enquête] Le Burkina Faso dans le viseur de Wagner 

Burkina Faso : le mystérieux Monsieur Damiba

Contenus partenaires