Génocide au Rwanda : après Protais Mpiranya, un deuxième fugitif était en fait décédé

Moins d’une semaine après la confirmation du décès, en 2006 au Zimbabwe, de Protais Mpiranya, le fugitif le plus recherché pour son rôle dans le génocide des Tutsi, la justice internationale a annoncé la mort de Phénéas Munyarugarama, décédé il y a vingt ans en RDC. 

Pendant le génocide, des milliers de personnes ont été exterminées dans l’église de Nyamata. © Sven Torfinn/PANOS-REA

Publié le 19 mai 2022 Lecture : 2 minutes.

Phénéas Munyarugarama, l’un des cinq derniers fugitifs poursuivis pour leur rôle dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, est mort en 2002 dans l’est de la RDC, ont annoncé mercredi 18 mai les procureurs de l’ONU enquêtant sur l’affaire.

« À la suite d’une enquête difficile et intense, le Bureau du Procureur a pu déterminer que Munyarugarama est mort de causes naturelles le, ou vers le, 28 février 2002 à Kankwala », a indiqué le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux dans un communiqué.

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Présent lors du massacre de Nyamata

Le lieutenant-colonel Phénéas Munyarugarama commandait un camp militaire de la préfecture de Kigali-Rural, dont les hommes « sont responsables des massacres dans la région du Bugesera », a-il précisé. Il est accusé d’avoir harangué les militaires avant leurs expéditions, distribué des armes à des civils en leur ordonnant d’éliminer les Tutsi, et était présent à l’église de Nyamata quand de 2 500 à 5 000 civils y ont été massacrés, le 14 avril 1994, par des militaires et des miliciens hutu.

En 2002, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avait retenu huit chefs d’inculpation contre lui, dont ceux de génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide et crimes contre l’humanité.

Selon le TPIR, « de sérieux problèmes de sécurité dans cette région », ainsi que d’autres facteurs supplémentaires tels que le « manque de coopération des autorités de la RDC », ont rendu impossible toute tentative d’exhumation du corps de Munyarugarama.

Mais huit anciens combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) – et anciens collègues de Munyarugarama – ont affirmé « de manière cohérente et détaillée avoir vu son corps, et se sont exprimés sur le lieu et la période de sa mort ».

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Tombe anonyme

En juin 1994, le suspect s’était enfui avec sa famille en RDC, où il fut rapidement impliqué dans les tentatives de réorganisation des troupes des ex-Forces armées rwandaises (FAR) pour attaquer le Rwanda. En 1998, il a aidé à recruter d’anciens soldats rwandais pour le groupe rebelle des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) – composées pour partie d’anciens génocidaires.

Vers la fin de l’année 2001, Phénéas Munyarugarama fut invité à Kinshasa pour participer à des discussions sur l’unification en une seule structure de divers éléments des ex-FAR qui étaient séparés géographiquement. Il effectua un long voyage de plusieurs mois à pied dans l’est de la RDC, de Masisi jusqu’à Kankwala (Nord-Katanga), en direction de Kinshasa.

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Le fugitif eut « des difficultés à traverser les fleuves en approche de Kankwala et faillit se noyer », a précisé le tribunal. Plusieurs jours après avoir atteint Kankwala, il tomba malade et mourut le, ou vers le, 28 février 2002. Il fut enterré le lendemain de son décès à Kankwala dans une « tombe anonyme ».

Il ne manque désormais « que quatre fugitifs sous la juridiction du Mécanisme », selon le tribunal, qui a annoncé il y a une semaine le décès, en 2006 au Zimbabwe, de Protais Mpiranya, le fugitif le plus recherché par la justice pour son rôle dans le génocide.

Avec AFP

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