Société

Vatican : les cardinaux courage du pape François

En dévoilant sa liste de cardinaux, le pape François a choisi de privilégier des personnalités actives dans leur pays. Parmi eux, deux Africains connus pour leur courage et leur tolérance, Philippe Ouédraogo et Jean-Pierre Kutwa.

Mis à jour le 23 janvier 2014 à 12:44

L’Ivoirien Jean-Pierre Kutwa (à g.) et le Burkinabè Philippe Ouédraogo. © KAMBOU SIA/afp

Mis à jour le 23/01/2014 à 14h26.

La personnalité des dix-neuf prélats que le pape François a choisi comme cardinaux le 12 janvier montre bien sa volonté de gouverner l’Église catholique avec des pasteurs de terrain venus de tous les horizons. Comme pour la composition de son Conseil spécial de huit cardinaux, surnommé le C8, où l’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, représente l’Afrique, le pape a distingué des personnalités actives dans leur pays plutôt que des ecclésiastiques ayant fait carrière au sein de la Curie, l’administration du Vatican.

Seize de ces nouveaux dignitaires ont moins de 80 ans, âge limite pour être électeurs du prochain pape. Deux sont ouest-africains, le Burkinabè Philippe Ouédraogo, 67 ans, et l’Ivoirien Jean-Pierre Kutwa, 68 ans. En février, le Sacré Collège comptera treize cardinaux électeurs africains sur 122.

"Le carriérisme n’a pas lieu d’être dans l’Église"

Archevêque de Ouagadougou, Ouédraogo est une figure montante de l’épiscopat africain connue pour son courage quand il s’agit d’affronter le pouvoir politique ou les dysfonctionnements de l’Église. Juste après l’élection du pape, il confiait à J.A. son espoir d’une réforme profonde de la Curie : "Nous avons assisté, impuissants, à tous les scandales. C’est malsain. Il faut aller dans le sens du concile Vatican II et privilégier la collégialité dans l’action. Le carriérisme n’a pas lieu d’être dans l’Église." "Priez pour moi afin que je ne me dérobe jamais, par peur ou par négligence, devant les loups qui agressent le troupeau, et ce même au prix de ma vie", demandait-il lors de son installation, en 2009, à Ouagadougou.

De son côté, Kutwa a pris la succession de Bernard Agré à la tête de l’archevêché d’Abidjan en 2006. Pendant la crise ivoirienne, il a tenté de jouer les médiateurs entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, et multiplié les signes d’ouverture à l’égard des musulmans.

Les deux Africains seront "créés" cardinaux par le pape le 22 février. Ils revêtiront la pourpre cardinalice en compagnie de huit Européens, quatre Sud-Américains, deux Asiatiques, deux Caribéens et un Nord-Américain. Une large place accordée à l’Amérique du Sud et à l’Europe qui laisse deviner que le pape argentin s’est surtout fondé sur ses réseaux personnels, encore peu développés en Afrique et en Asie. Sensible à une meilleure représentation des pays du Sud aux postes clés de l’Église, François devrait donner davantage de place à ces deux continents lors de ses prochaines nominations.