C’est le 10 janvier 2019, aux environs de 3 heures du matin, que le président de la commission électorale a annoncé les résultats de l’élection présidentielle. Mais ce jour-là avait débuté plus tôt, le mercredi 9 janvier à l’aube, par des heures et des heures d’attente.
Ce 9 janvier donc, je n’avais rien changé à mes habitudes : j’avais commencé par faire du sport. Il fut un temps où je marchais le long du fleuve, à deux pas de l’hôtel Faden House, transformé à l’époque en une sorte de quartier général de la coalition Lamuka. Comme la situation était très tendue, on m’avait conseillé de rester à l’intérieur de la parcelle. Je faisais des tours le long du mur d’enceinte, durant une heure, chaque jour.
L’élection avait eu lieu le 30 décembre 2018 et nous attendions que la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] proclame les résultats. J’étais un peu fatigué : pendant la campagne, j’avais perdu 7 ou 8 kilos et, sur les photos, on voit que j’avais le visage très marqué. Mais, sincèrement, je n’étais pas stressé. J’étais confiant. Toute la ville bruissait pourtant de rumeurs. On craignait des manipulations, des tripatouillages.