Ce 6 mai, à Bangui, Blaise-Didacien Kossimatchi est remonté. Le coordonnateur de la plateforme Galaxie nationale (GN) a appris qu’une partie de la société civile s’apprêtait à manifester contre la hausse des prix des produits alimentaires. Son sang n’a fait qu’un tour : pour lui, ces protestataires sont poussés dans la rue par les ennemis de la Centrafrique. C’est-à-dire, précise-t-il dans un communiqué, « l’Union européenne, et surtout la France de Macron ». Il appelle ses partisans à stopper ce mouvement. Des veillées d’armes sont prévues, ainsi qu’un rassemblement devant l’ambassade de France.
Dans le même document, « Didacien » prévient que ses hommes se réservent « le droit de faire des sévices corporels [sic] sur les fauteurs de troubles ». Ses combattants, dont beaucoup ont fait partie des « requins » – ces miliciens pro-Touadéra qui ont hanté Bangui ces dernières années avant d’être dissous –, n’ont rien à craindre. Le 9 mai, Kossimatchi est reçu par le directeur général de la police, Bienvenu Zokoué, à qui il détaille sa stratégie pour « bouter hors [du] pays les barbouzes à la solde de la France néocoloniale ». Le grand flic l’assure de son soutien. On ne refuse rien au patron de la GN, que le président, Faustin-Archange Touadéra, appelle affectueusement « mon cadet ».