2022 commence par un ralentissement pour Dangote Cement : au premier trimestre, les volumes ont baissé de 1,5 % au Nigeria et de 7,6 % dans le reste du continent. La direction du cimentier nigérian explique cette décélération par les perturbations de l’approvisionnement en gaz au Nigeria et par les problèmes de maintenance et d’approvisionnement ailleurs. Pourtant, si les volumes baissent, les revenus augmentent de 24 % grâce à la hausse des prix.
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Le goulet d’étranglement de l’approvisionnement en gaz va continuer de peser sur la production qui devrait plafonner pour le reste de l’année : les experts de la banque d’investissement Chapel Hill Denham prévoient une croissance des volumes autour de 5,9 %, soit une réduction de 3,2 points de pourcentage par rapport à leur prévision précédente. Ce à quoi la direction de Dangote Cement répond qu’elle privilégie la rentabilité à la croissance des volumes.
Risques liés à la raffinerie
Après la forte performance du cours de l’action, l’entreprise du milliardaire nigérian reste moins chère que ses pairs Ciments du Maroc ou Carthage Cement sur la base de la valeur d’entreprise par rapport au bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda) : Dangote Cement enregistre un ratio VE/Ebitda de 6,8 contre 11,5 pour Ciments du Marc et 7,5 pour Carthage Cement.
Chapel Hill Denham relève son objectif de cours pour Dangote Cement de 9 % à 336,35 nairas et conserve sa recommandation d’achat, une évaluation qui implique une hausse potentielle de 22,5 %, avec un rendement du dividende de 7,4 %.
La question est d’évaluer les conséquences de l’évolution de Dangote Cement sur l’ensemble du groupe, l’usine de ciment étant un contributeur important de Dangote Industries, le plus grand conglomérat d’Afrique de l’Ouest créé par Aliko Dangote.
Dérapages
L’agence de notation Fitch Ratings a attribué à Dangote Industries la note nationale à long terme « AA(nga) » avec une perspective stable, même si elle dispose d’une flexibilité financière limitée pour achever sa raffinerie et son usine pétrochimique. La livraison du projet dans les temps « est un facteur clé » de l’évaluation de Fitch, et « seuls des retards ou des dépassements de coûts limités peuvent être tolérés dans la note actuelle. » Estimée à 9 milliards de dollars au départ, l’addition de la mega-raffinerie et de son complexe pétrochimique a déjà plus que doublé, atteignant finalement 19 milliards.
L’agence de notation américaine affirme que Dangote Industries souffre d’une faible gouvernance d’entreprise. L’existence d’une « structure de groupe complexe avec un grand nombre de transactions entre parties liées » a « un effet négatif sur la transparence opérationnelle et financière », indique Fitch. « Nous considérons également la domination d’Aliko Dangote, en tant que PDG et principal actionnaire, dans les opérations comme un risque supplémentaire. »
Doutes sur le financement
Le calendrier de mise en service de la raffinerie n’a cessé de déraper. Aliko Dangote a déclaré en avril qu’il espérait une mise en service avant la fin du mandat présidentiel de Muhammadu Buhari l’année prochaine. Toujours selon Fitch Ratings, la raffinerie devrait contribuer à l’Ebitda à hauteur d’environ 1 milliard de dollars par an lorsqu’elle sera opérationnelle à partir de 2024.
L’agence indique que la raffinerie a encore besoin de 1,1 milliard de dollars d’investissements cette année qui pourrait être financé en partie par la vente d’obligations. Si l’argent n’est pas réuni ou si les coûts dépassent les prévisions, Fitch Ratings estime que les prêteurs actuels de Dangote Industries ne disposent pas de la capacité de financement supplémentaire nécessaire. Dans ce cas, la vente d’actifs dans le secteur du ciment, ou la vente de participations dans des projets de raffinerie, seraient des options probables pour combler le fossé.