« Refuelling ». Derrière cet anglicisme utilisé par les professionnels se dissimule le dossier le plus sensible que le secteur aérien sénégalais ait eu à gérer depuis l’entrée en service de l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), en décembre 2017. Depuis une dizaine de jours, en effet, les cuves de kérosène crient famine. Une pénurie à l’issue encore incertaine mais déjà lourde de conséquences pour la vingtaine de compagnies concernées. « C’est du jamais-vu », témoigne un pilote qui a commencé sa carrière en 1993 et vole désormais sur Air Sénégal.
L’année 2022 avait pourtant bien commencé pour l’aéroport international implanté à Diass, à 45 km de la capitale. Au premier trimestre, près de 580 000 passagers ont en effet arpenté les couloirs de l’AIBD, soit 25% de trafic passagers en plus qu’au premier trimestre de 2021 – et, surtout, une fréquentation en hausse de 1,89 % au mois de mars par rapport à la même période en 2019. Et ce, alors même que l’Association internationale des transporteurs aériens (IATA) ne prévoit pas, à l’échelle globale, de retour aux niveaux pré-Covid 19 avant la fin de 2023.
Le Sénégal avait donc réussi l’exploit de booster son trafic malgré la situation difficile vécue par certaines compagnies importantes pour son activité, comme Royal Air Maroc (-32 % de passagers enregistrés à l’AIBD en mars par rapport à mars 2019) ou Iberia, passée sous la barre des 10 000 passagers mensuels à Dakar depuis la pandémie.