Ukraine : « Encore une guerre, encore ce truc viriliste ringard ! »

Quelle position les femmes doivent-elles adopter face à la guerre en Ukraine ? Nous nous sommes posé la question au sein du Parlement des écrivaines francophones. Je vous livre quelques-unes des réactions recueillies.

« Quand la guerre sera l’affaire des femmes, elle s’appellera la paix. » Citation d’Aristophane reprise par l’écrivaine Suzanne Dracius. (Illustration) © yulkapopkova/Getty Images

Fawzia Zouria

Publié le 26 avril 2022 Lecture : 3 minutes.

Quelle position les femmes doivent-elles adopter face à la guerre en Ukraine ? Nous nous sommes posé la question au sein du Parlement des écrivaines francophones. Je vous livre quelques-unes des réactions recueillies.

Suzanne Dracius (Martinique) : Nous pouvons toujours paraphraser Aristophane en tambourinant à tue-tête : « Quand la guerre sera l’affaire des femmes, elle s’appellera la paix. » Il faut donc jouer les Lysistrata – en grec, Lysistrata signifie « celle qui délie l’armée » – et délier nos langues en rédigeant un texte en faveur de la paix.

Un enfant qui hurle n’est pas ukrainien, yéménite ou russe, c’est un enfant qui hurle

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Michèle Rakotoson (Madagascar) : Il y a eu le Yémen, mais aussi le Mali, le Burkina Faso… Chez moi, il y a une « guerre » à basse ampleur. Il y a des hommes, des femmes, des enfants qui meurent dans des conditions horribles. Il y a des urgences, et cela n’est pas politique. Un enfant qui hurle n’est pas ukrainien, yéménite ou russe, c’est un enfant qui hurle, et je suis une maman et une grand-mère avant d’être une écrivaine.

Tanella Boni (Côte d’Ivoire) : Ici et là, partout, il y a d’autres conflits, d’autres massacres. On ne peut trier ni les morts, ni les violences, ni les massacres, ni toutes ces horreurs qui anéantissent la vie humaine partout dans le monde…

Annie Richard (France) : Nous aboutissons à une prise de conscience qui se doit de tenir compte de toutes les souffrances sans a priori de nationalité. L’Ukraine met à notre porte la question terrible de la violence mondiale.

Sophie Bessis (Tunisie) : Si je pense qu’aujourd’hui il faut prendre position sur l’Ukraine, c’est que la capacité de nuisance russe a déjà fait ses preuves dans bien d’autres régions du monde, à commencer par le monde arabe et l’Afrique. Il ne s’agit donc pas d’une quelconque posture de Panurge médiatique.

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Gaël Octavia (Martinique) : Je pense au livre de Svetlana Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femme. Ma réaction spontanée face à ce énième conflit armé : encore une guerre, encore ce truc viriliste ringard ! Il ne s’agit évidemment pas d’affirmer que les femmes sont des anges. Il est cependant tentant de reconnaître dans la guerre cette fameuse susceptibilité mâle et cette triste triade virilité-fragilité masculine-violence avec laquelle tant de femmes doivent composer au quotidien.

Nassira Belloula (Algérie) : La guerre, nous sommes contre ; mais pourquoi ne réagir à aucun autre conflit armé, comme au Yémen, qu’une coalition de pays avait envahi et bombardé ?

La déraison assassine des innocents avec des armes chargées de munitions de bêtises

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Rose-Marie Taupin-Pélican (Martinique) : Un ami du Panama m’a fait observer que, le 20 décembre 1989, l’armée des États-Unis avait envahi son pays sans que ne s’élève la moindre protestation. Beaucoup d’enfants, de femmes et d’hommes sont morts, mais ce n’était pas aux portes de l’Europe.

Fatoumata Ki-Zerbo (Burkina Faso) : La déraison est prête à massacrer pour l’orgueil d’amis devenus ennemis. Elle assassine des innocents sous l’inconfort tenace de certitudes erronées, avec des armes chargées de munitions de bêtises. Aucune empathie, pas la moindre sympathie avec la guerre. Pauvres populations prises en otage !

Mariem Garali (Tunisie) : Il s’agit là d’un problème politique majeur, et, personnellement, je ne veux pas m’y immiscer. Je refuse toute guerre, toute haine et tout massacre quel qu’il soit contre l’humanité ou la nature.

Anissa Bellefqih (Maroc) : Je suis d’avis qu’en tant qu’écrivaines du monde nous pouvons difficilement nous focaliser sur certains conflits et en oublier d’autres. La guerre, où qu’elle soit, doit être stigmatisée, et ce, quelle que soit la population qui en est victime. Une guerre oubliée est une injustice.

Lise Gauvin (Québec) : Il semble donc qu’on n’en finira jamais. Une suggestion pour le titre : De guerre lasse

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