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Trafic de bois : sur la piste d’un crime environnemental

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Société

Bois précieux : sur les routes du pillage

« Trafic de bois : les coulisses du pillage » (4/5) Depuis plus de dix ans, ce commerce illicite se propage en Afrique de pays en pays à mesure que les forêts sont décimées. Décryptage en infographies.

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Mis à jour le 25 novembre 2022 à 16:11

Les trois quarts du bois tropical africain partent en direction de la Chine. © MONTAGE JA : Alfredo D’AMATO/PANOS-REA

Les chiffres sont édifiants : 123 000 tonnes, soit 4 500 conteneurs, 365 900 grumes ou encore 182 900 arbres. C’est la quantité de bois de rose, aussi appelé « bois de vêne » ou « kosso », qui a quitté illégalement le Mali pour être transformée dans les usines chinoises entre mai 2020 et janvier 2022, selon l’Agence internationale de l’environnement (EIA). Et ce en violation d’une loi en vigueur depuis deux ans interdisant sa récolte et son exportation, et en dépit de son inscription en 2017 sur la liste des espèces menacées de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages (Cites).

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Comme en Casamance, dans l’ouest du Cameroun ou dans l’est de la RDC, le pillage de bois précieux a prospéré à la faveur de l’instabilité politique et sécuritaire. Depuis plus d’une décennie, ce commerce illicite se propage en Afrique de pays en pays à mesure que les forêts sont décimées.

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Orchestré par la mafia chinoise, les groupes armés et parfois même par les gouvernements locaux, il a connu son apogée en 2014, tiré par le boom de la demande chinoise en mobilier de luxe. Si le trafic a depuis légèrement diminué, il est loin d’avoir disparu. Rien qu’entre 2016 et 2020, plus de 2 millions de grumes ont été abattues en Afrique de l’Ouest, puis exportées sans avoir été déclarées par les pays d’origine.

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Face à la recrudescence de ce trafic, la Cites a décidé, le 28 mars, de prendre des mesures sans précédent, donnant un mois aux États de la région où l’espèce est endémique pour démontrer que son commerce est conforme à la Convention ou pour y mettre fin. L’organisation a également ordonné aux principaux bénéficiaires de ce marché lucratif de rejeter tous les permis d’exportation de cette essence. Ces mesures seront-elles suffisantes ? Rien n’est moins sûr.


Retrouvez tous les articles de la série :

· Trafic de bois en Côte d’Ivoire : l’affaire qui a précipité la chute d’Alain-Richard Donwahi (1/5)

· Cameroun-Nigeria : de Yaoundé à Lagos, le bois et l’argent du bois (2/5)

Sénégal : quand le trafic de bois alimente la rébellion en Casamance (3/5)

· Infographie – Bois précieux : sur les routes du pillage (4/5)

· RDC : Tshisekedi et l’impossible ménage dans les forêts congolaises (5/5)