Maroc : voyage au cœur de la Boutchichiya
Le temps d’un week-end, à Madagh, au cœur de la zaouïa Qadiriya Boutchichiya, Jeune Afrique a rencontré Sidi Jamal, le grand maître de cette confrérie soufie dont l’influence dépasse les frontières du royaume.
Sur la petite route qui mène à Madagh, à une dizaine de kilomètres de Berkane, la blancheur des orangers en fleurs tranche avec la grisaille du ciel pluvieux de ce vendredi de mars. Les averses de la veille ont cédé la place à un petit crachin serré. Impossible d’y voir clair à plus de 500 mètres.
Dans cette région agricole de l’Oriental – à deux pas de la frontière algérienne –, la pluie est vécue comme une aubaine, la sécheresse ayant mis à mal les ressources en eau et l’économie du pays. « Al-hamdou lillah, Dieu est grand ! », commente sobrement Redouane, le chauffeur qui nous conduit à la bourgade de 14 000 habitants, fief de la confrérie soufie Qadiriya Boutchichiya.
Dès notre arrivée aux portes de la ville, avant même de descendre de voiture, nous sommes interpellés par un homme en burnous qui monte la garde. « C’est pour une ziyara ? Chez qui allez-vous ? », s’enquiert-il, avant d’aller chercher celui qui semble être le responsable de la sécurité.
Quelques coups de téléphone plus tard, nous sommes invités à attendre à l’intérieur de l’un des nombreux salons de réception du siège de la confrérie. Là, entre le portrait du grand maître de la confrérie, Sidi Jamal, et celui de son défunt père, Sidi Hamza, nous patientons en regardant la télévision.
Sourire permanent
Sur l’écran défilent des extraits des éditions précédentes des Rencontres mondiales du soufisme, événement organisé chaque année par la Fondation Moultaqa – présidée par Sidi Mounir al-Qadiri Boutchichi, fils aîné du cheikh.
À l’approche de l’appel de la prière du zohr (celle du midi), les couloirs alentours bruissent d’allers et venues. Puis c’est le branle-bas de combat : direction la Grande Mosquée de Madagh pour la prière du vendredi.
Construite sous l’impulsion de Sidi Jamal, ce bâtiment à l’architecture néo-mauresque peut accueillir jusqu’à 10 000 fidèles. Démesuré pour une ville de cette taille ? Voire. L’édifice accueille de grands événements religieux annuels tels que la Nuit du Destin, ou encore lors du Mawlid an-nabawi, la fête qui commémore la naissance du Prophète Mohammed. Des milliers de visiteurs déferlent alors sur Madagh.
Bien s’informer, mieux décider
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