Le 9 avril, le colonel Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale, a mené une délégation gouvernementale à Moura (centre) où entre 200 et 400 personnes, selon les différentes sources, ont été tuées fin mars dans une opération « antiterroriste » de l’armée malienne et des mercenaires de Wagner.
Malgré une demande formulée début avril, les enquêteurs de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali n’ont, eux, toujours pas reçu l’autorisation d’aller enquêter sur ce que beaucoup dénoncent comme un « massacre ». Selon une source interne à la mission, les autorités du pays affirment que leur requête est toujours « à l’étude ».
Vol de reconnaissance
Le village de Moura étant très enclavé et au cœur d’une zone contrôlée par les jihadistes de la katiba Macina, l’hélicoptère est le seul moyen sécurisé de s’y rendre. Or depuis le 20 janvier, la Minusma doit systématiquement demander une autorisation à Bamako pour faire voler ses appareils dans le ciel malien.
Cette mesure avait été prise au moment où des hommes de Wagner s’étaient déployés dans le centre. Les autorités ne souhaitent pas que la mission de la paix de l’ONU, qui a repéré des éléments de la société privée russe vers Tombouctou, soit informée des activités des mercenaires.
Le 2 mars dernier, après la découverte d’une trentaine de corps calcinés près du village de Dangere-Wotoro, dans la commune de Dogofry, (cercle de Niono), la Minusma avait effectué, en vain, une demande de survol de la zone. Elle avait initialement sollicité une autorisation pour l’envoi d’un drone sur place, puis d’un hélicoptère.
Le 3 avril, un simple vol de reconnaissance avait tout de même été autorisé au-dessus de Moura. L’appareil avait donc survolé la zone, sans pouvoir se poser au sol. En attendant un éventuel feu vert des autorités, une équipe de la Minusma chargée d’enquêter sur le terrain est déjà positionnée à Mopti depuis la semaine dernière.