Économie

Ecobank Kenya : Ade Ayeyemi plaide « la simple erreur »

Lors d’un entretien à Jeune Afrique/The Africa Report, le DG d’Ecobank est revenu sur un épisode malheureux qui avait valu à sa filiale kenyane d’être sanctionnée par le régulateur.

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Mis à jour le 5 avril 2022 à 14:51

Ade Ayeyemi est le directeur général du groupe panafricain Ecobank. Ici en mars 2016, à Abidjan. © Eric Larrayadieu/Africa CEO Forum/Jeune Afrique

« Les banques ont souvent des problèmes avec leur régulateur si elles manquent de transparence. Nous, nous avons été transparents », a déclaré Ade Ayeyemi à Jeune Afrique/The Africa Report alors que la filiale kenyane d’Ecobank a été suspendue du marché local des changes jusqu’au 4 avril. « Toutes les informations nécessaires lui ont été données en temps voulu ».

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Les banques kenyanes doivent notamment se conformer à la réglementation qui leur impose de faire correspondre leur actif en devises étrangères avec le passif, tout en veillant à ce que tout décalage ne dépasse pas 10 % des fonds propres.

Simple erreur

« En enquêtant sur les transactions commerciales d’Ecobank, il est évident qu’elle ne disposait pas de contrôle des risques suffisamment solide pour empêcher les dépassements des limites d’exposition au risque de change ou la déclaration inexacte de sa position », a déclaré la banque centrale du Kenya dans un communiqué expliquant la suspension de la filiale de Nairobi.

« La reconnaissance par Ecobank de ses obligations en tant que cambiste agréé et son engagement à résoudre les problèmes sous-jacents ont été pris en considération. »

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« Ce qui compte, c’est d’être ouvert et transparent avec les régulateurs, en décrivant les mesures prises pour que cela ne se reproduise pas », a insisté Ade Ayeyemi en ajoutant : « Il faut également s’assurer qu’ils comprennent qu’il n’y a aucune intention malveillante dans cette affaire. Il s’agit d’une simple erreur commise par quelqu’un qui n’a pas enregistré les informations nécessaires. Les régulateurs comprennent que des erreurs peuvent être commises. Une sanction est conforme aux règles qui sont écrites, mais il n’y a rien qui subsiste au-delà de ça. Nous n’attendons aucune mesure punitive supplémentaire. C’est décevant, c’est regrettable mais il ne faut pas en conclure plus que cela. »

Une inflation sans précédents

Depuis le début de la pandémie, de nombreuses devises africaines se sont dépréciées. Le shilling kényan ne fait pas exception, s’affaiblissant face au dollar pour le dixième mois consécutif, selon Bloomberg. Ainsi, lors de la présentation des résultats annuels pour 2021, le directeur financier d’Ecobank, Ayo Adepoju, a indiqué que les prêteurs verront leurs bénéfices diminuer en raison de la dévaluation des monnaies locales.

« Il faut reconnaître que l’inflation en Afrique sera beaucoup plus élevée que dans le reste du monde. Nous tenons compte de cela dans l’évaluation des devises. Et lorsque vous présentez les résultats en dollars US, vous verrez une réduction provoquée par cette dévaluation. Nous devons continuer à encourager nos clients qui exportent à maintenir leurs activités afin qu’ils puissent générer plus de devises », explique encore Ade Ayeyemi à Jeune Afrique/The Africa Report.

Le rôle des matières premières

Le PDG d’Ecobank estime que la valorisation des matières premières africaines résoudra la pression exercée sur les monnaies du continent. « La valeur mondiale des produits dérivés du cacao dépasse les 100 milliards de dollars. La valeur totale qui revient à l’Afrique, qui produit plus de 70 % de ce cacao, est inférieure à 10 milliards de dollars. »

La valorisation des matières premières africaines résoudra la pression exercée sur les monnaies du continent

Selon lui, le continent doit se pencher sur le commerce intra-africain pour conserver plus de valeur à l’intérieur du continent. « Au Ghana, les gens ajoutent de la valeur au cacao mais ils achètent du sucre au Brésil. Plus nous sommes capables de les mettre en relation avec des entreprises d’Afrique australe qui produisent du sucre, plus nous enrichissons le continent. Ce sont des mesures que nous prenons avec nos clients pour pouvoir réduire la pression sur les devises étrangères. »