« De plus en plus loin » : une série tournée au Burkina sur la migration et le trafic humain

Tournée au Burkina, cette première série originale Canal+ vient confirmer le rayonnement de la création audiovisuelle locale. Et adopte le genre du thriller social pour aborder ce thème bien connu.

L’équipe de la série burkinabè « De plus en plus loin ». © Canal+ International

eva sauphie

Publié le 28 mars 2022 Lecture : 3 minutes.

Une série de huit épisodes de 52 minutes tournée au Burkina Faso sous le label Canal+ International : du jamais vu dans le paysage audiovisuel local. Pourtant, le pays des hommes intègres rayonne sur la scène cinématographique et audiovisuelle africaine depuis 1969 grâce au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).

Pas assez de séries de ce genre pour inonder le marché local

« C’est un pays très dynamique, ça tourne beaucoup sur place, constate Alex Ogou, co-producteur de la série De plus en plus loin créée par l’acteur ivoirien Michel Bohiri (vu dans Ma famille) et la Malienne Adiaratou Sangaré. Mais les créations peinent à sortir du continent et ne sont pas commercialisées », note le scénariste et réalisateur franco-ivoirien, déjà à l’origine du succès télévisé de la série de 52 minutes estampillée Canal+ Afrique, Les Invisibles (2018), tournée en Côte d’Ivoire.

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Conditions difficiles

Pour ce nouveau projet sélectionné au festival TV de Luchon aux côtés de grosses productions françaises, Alex Ogou s’est entouré d’Arnaud de Buchy, producteur installé au Burkina. « Nous n’avons pas bénéficié des mêmes moyens ni des mêmes compétences qu’une grosse production, mais nous avons prouvé qu’on pouvait le faire. S’il n’y a pas assez de séries de ce genre pour inonder le marché local, c’est justement parce que ce n’est pas facile », expose-t-il.

Tournée pendant quatre mois dans des conditions difficiles, en pleine saisons des tornades, la série révèle une variété de décors qui vient confirmer le potentiel du Burkina comme véritable plateau de tournage. Côté budget, on ne saura rien, « les équipes de Canal+ n’ont pas pour habitude de communiquer sur les budgets investis en lien avec la production des séries Canal+ Original. »

Thriller social

Tirée de faits réels, l’histoire raconte le parcours migratoire de Léon et de son meilleur ami Ibra vers l’Europe. Bientôt victimes d’un réseau de trafiquants d’humains, ils seront bloqués en Libye. Animé par la vengeance, le protagoniste parvient à s’enfuir et décide de remonter le réseau de passeurs-ravisseurs avant de s’enfoncer dans une folie meurtrière.

On voulait s’intéresser aux causes de la migration

Au documentaire et au reportage sur la migration, genres déjà bien connus du public occidental, l’équipe de la série – qui a réuni 10 auteurs venus du Burkina, du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Bénin et du Sénégal – a préféré la fiction sous forme de thriller social. « On ne voulait pas s’arrêter à la conséquence de la migration mais s’intéresser aux causes. Il nous fallait personnifier le phénomène pour permettre au public d’aller à la rencontre de corps qui n’ont d’ordinaire ni visage ni histoire », analyse Arnaud de Buchy.

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Identification

Son camarade de compléter : « Il ne s’agit plus d’histoires lointaines. L’objectif était d’amener les récits africains à l’international et dans l’universel, ce qui ne signifie pas créer une histoire à l’occidentale, précise celui qui a fait le retour au pays. Le public africain peut se retrouver dans des productions asiatiques – l’Asie étant aussi touchée par l’immigration clandestine. L’inverse est également possible grâce à la fiction réalité, laquelle permet une distanciation tout en autorisant une identification à une histoire ancrée dans le réel. Le contexte africain peut être compris par tout le monde », insiste-t-il.

Présentée au Canal Olympia de Pissy, à Ouagadougou, fin février, cette série sobre et réaliste a réussi le pari de toucher le public local, grâce à un travail d’enquête effectué au plus près des populations lors d’une résidence réalisée par l’équipe courant 2018. « Il n’y a pas une famille ouest-africaine qui n’est pas concernée par la traversée », rappelle Arnaud de Buchy.

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De plus en plus loin, réalisé par les burkinabés Fabien Dao et Hervé-Eric Lengani, Canal+, diffusion depuis le 28 février

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