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Logistique en Afrique : une nouvelle donne
Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 70 % : c’est l’objectif fixé par l’Organisation maritime internationale (OMI) pour les ports d’ici à 2050. Malgré l’absence actuelle de contraintes légales, les opérateurs anticipent. C’est notamment le cas de Bolloré Ports qui, avec le label « Green Terminal » lancé en 2019, note sur 100 la conformité environnementale des infrastructures qu’il opère. Un processus réalisé avec l’appui du cabinet Bureau Veritas.
« Pour chaque audit, nous procédons à des pré-évaluations, décrit Olivier de Noray, directeur général de Bolloré Ports. Bureau Veritas valide le score du terminal et veille à ce qu’il soit en adéquation avec leurs propres conclusions. » Les fortunes sont diverses. À Pointe-Noire, il a refusé d’avaliser une note pour manque de justificatifs. À Conakry, il a relevé de 1,5 point la pré-évaluation interne.
Il n’existe aucune norme internationale qui mène à une certification green
Le processus a ses limites : Bolloré (en processus pour céder ses actifs africains à MSC) rémunère Bureau Veritas pour qu’il donne son aval, et surtout, les critères de notation sont fixés en interne. « Il n’existe aucune norme internationale qui mène à une certification green. Chaque entreprise doit créer son propre procédé », justifie Christian Devaux, directeur QHSE (qualité, hygiène, sécurité et environnement) de Bolloré Ports. « Quel que soit le secteur, le principal apport du label est d’instaurer une démarche d’amélioration continue », reconnaît Marc Roussel, président GSIT (service aux gouvernements et commerce international) et vice-président Afrique de Bureau Veritas.
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Appels d’offre et électrification
« La démarche est à saluer mais elle n’est pas là pour rien », insiste Armand Hounto, expert en affaires maritimes et professeur à la Sorbonne. En Afrique, les sociétés civiles font moins pression sur les industriels qu’ailleurs dans le monde. Ces derniers doivent tout de même s’adapter face à des appels d’offres plus durs. « Les institutions financières sont devenues très exigeantes, souligne Marc Roussel. Il devient impossible de monter une offre sans engagement fort dans le domaine environnemental. »
En la matière, le terminal 3 de Tema, coconstruit par Bolloré et APM Terminals, se démarque. Respectant des standards internationaux stricts, il a été certifié Edge par la Banque mondiale, ce qui signifie que le port a réduit de 20 % sa consommation d’énergie. Logiquement, sa note avoisine les 90 / 100 selon le label « Green Terminal ».
Au-delà de ce cas, la marge de manœuvre au niveau de Bolloré Ports est importante : en remplaçant une partie de ses équipements diesel (tracteurs, portiques de quai et de stockage) par leurs équivalents électriques, le groupe a réduit de 11 % ses émissions de CO2 depuis 2019. Le chiffre atteint 22 % à Freetown et 36 % pour le terminal 3 de Tema. Les opérateurs attendent désormais de pouvoir compter sur des réseaux publics d’électricité décarbonés pour abaisser encore davantage leurs émissions directes et indirectes.