Économie

Netflix à l’heure africaine ?

Le géant américain du streaming semble prendre au sérieux le potentiel du marché local des médias. Mais certains critiquent la faiblesse des investissements au regard du montant des productions dans des pays comme la Corée du Sud ou la Grande-Bretagne.

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Mis à jour le 8 février 2022 à 17:31

Affiche du film sud-africain, Queen Sono. © Netflix

Il existe une énorme demande de contenu « made in Africa ». C’est du moins ce qu’a déclaré Dorothy Ghettuba, responsable des séries originales africaines pour Netflix, en 2020 sur CNN. Dans cette optique, la première plateforme mondiale de streaming a commencé à présenter à son audience des séries policières originales sud-africaines – Queen Sono en février 2020 et Blood & Water en mai 2020.

En août 2021, la première série nigériane originale de la plateforme a rejoint le catalogue, King of Boys : The Return of The King (issue du long métrage King of Boys de la réalisatrice Kemi Adetiba). Côté audiences, le contenu nigérian se porte bien : Amina (novembre 2021) a même été le premier film du pays à figurer dans le top 10 mondial de Netflix.

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L’entreprise américaine s’est également associée au célèbre magnat nigérian des médias Mo Abudu, fondatrice et directrice d’EbonyLife, dans le cadre d’un accord qui comprend deux séries et plusieurs films sous le label Netflix : Oloture a été lancé sur le site en octobre 2020, et le réalisateur Biyi Bandele a commencé à tourner l’adaptation cinématographique de Death and the King’s Horseman (La mort et l’écuyer du roi), tragédie du prix Nobel de littérature Wole Soyinka, en octobre 2021.

Faibles investissements

Alors que Netflix injecte de l’argent dans les industries médiatiques africaines, certains affirment que le continent n’est pas traité équitablement. Le critique de cinéma nigérian Wilfred Okiche estime que les Africains doivent se méfier de la plateforme internationale de streaming. Il explique, par exemple, que Netflix ne paie que de 10 000 à 90 000 dollars (de 8 760 à 78 850 euros) pour les productions africaines – un montant minuscule comparé aux 500 millions de dollars promis aux créateurs de pays comme la Corée du Sud et la Grande-Bretagne.

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Il faut toutefois noter que la firme américaine investit dans la formation sur le continent, en ciblant, par exemple, les scénaristes du Nigeria, d’Afrique du Sud et du Kenya. En coopération avec l’Unesco, elle travaille sur une série de courts métrages basés sur des contes populaires africains qui seront diffusés en 2022. Netflix s’attaque également aux consommateurs africains. Le 21 septembre, la société a annoncé la mise en place de plans gratuits au Kenya pour faire découvrir son service.