La Coupe d’Afrique des nations (CAN) a beau être dans tous les esprits, l’affaire fait scandale au Cameroun. Jeudi 3 février, le lamido de Garoua a été auditionné par la gendarmerie dans la grande ville du Nord. Ibrahim El Rachidine est soupçonné d’être lié à la mort de l’un de ses neveux. Âgé de 18 ans, celui-ci aurait subi des actes de torture avant de décéder, le 31 janvier, au sein même de la propriété du souverain traditionnel. Il avait été inhumé dès le lendemain.
Autopsie
Face à la colère de la population, qui menaçait d’incendier la chefferie, les forces de sécurité sont intervenues pour en extraire le lamido et le conduire dans les locaux de la gendarmerie de Garoua pour sa propre protection. Les autorités administratives ont parallèlement ouvert une enquête. Le 3 février, le corps du jeune Ali Youssouf a été exhumé et autopsié. Les premiers éléments confirment les soupçons de torture ayant entraîné la mort.
L’affaire, qui a suscité un tollé, est suivie au plus haut niveau. Le palais d’Etoudi a dit souhaiter que toute la lumière soit faite, et ce d’autant plus rapidement que l’autorité traditionnelle et religieuse la plus puissante de Garoua est impliquée.
Pour sa défense, Ibrahim El Rachidine a affirmé que le drame serait survenu alors que sa garde rapprochée tentait de maîtriser le jeune homme qui se trouvait, selon lui, sous l’emprise de la drogue. Selon des sources policières, trois de ses proches sont d’ores et déjà en garde à vue. S’agissant du lamido, il n’avait pas encore regagné son domicile ce vendredi matin. Selon nos informations, il attend une éventuelle inculpation dans un lieu tenu secret.
Allégeance
Élu lamido en mai dernier par un collège de douze notables, Ibrahim El Rachidine est un capitaine de gendarmerie âgé de 38 ans. Il a fait sa carrière au sein de la Sécurité militaire, un service de renseignement de l’armée. La succession avait été ouverte à la suite du décès d’Alim Hayatou, par ailleurs secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé. Rachidine avait remporté l’élection au détriment d’Issa Hayatou, frère d’Alim et ancien président de la Confédération africaine de football (CAF). Tous les imams de la région lui ayant prêté allégeance, le lamido est devenu le commandeur des musulmans du Nord et le quinzième souverain de cette chefferie créée en 1839 à Garoua.