Au milieu d’un vaste jardin où les oiseaux chantent, une villa luxueuse. Nous sommes à Ouidah, dans un petit éden au cœur de la ville. Au rez-de-chaussée, la boutique Couleur Indigo. Les chemises et les robes sur des cintres ; les pagnes bien repassés et pliés devant une cliente japonaise. À côté, dans les ateliers, des femmes cousent en riant autour d’une table en bois ; certaines fabriquent des objets de déco à partir de chutes textiles. Sur la terrasse du haut, des tissus indigo sèchent au soleil.
« La couleur naturelle vient de la feuille d’indigotier. J’ai voulu redonner vie à l’indigo qui existait dans le vestiaire de nos grands-mères depuis des siècles. Les femmes de rang social élevé se sont longtemps drapées d’indigo, avant de l’abandonner car il était trop utilisé lors des obsèques, pour sa teinte foncée », explique Nadia Adanlé, elle-même dans une longue silhouette bleutée. La maîtresse de maison a passé son enfance à coudre des petites robes pour ses poupées. Aujourd’hui, à 47 ans, la styliste a déjà une longue vie derrière elle – des boulots qui ne duraient jamais longtemps, un divorce…
Pièces authentiques et élégances
Ingénieure agronome diplômée de Montpellier SupAgro en 1999, Nadia Adanlé a d’abord travaillé au Sénégal, à Dakar, dans le milieu des ONG, puis au Bénin chez Carrefour, Bolloré, British American Tobaco, Coca-Cola. Entre-temps, elle a collaboré au projet Songhaï, le célèbre centre béninois des fermiers-entrepreneurs. C’est au milieu des années 2000 que la jeune femme ose créer enfin ses premiers vêtements et sa marque en 2007.
La créatrice organise chaque année la grande nuit de l’indigo pour célébrer le pagne au bleu si béninois
« Je voyageais beaucoup et recherchais toujours des pièces authentiques. Je me suis demandé ce qui était typique du Bénin, je trouvais l’indigo élégant et voulais une couleur qui marque les esprits. J’ai donc lancé Couleur Indigo. » Alors qu’elle est chargée de la promotion qualité de l’espace Uemoa au siège de l’institution à Ouagadougou, Nadia Adanlé ouvre parallèlement une première boutique dans la capitale burkinabè, puis un show-room à Ouidah.
Dans le bureau de la directrice générale de Couleur Indigo trônent désormais une dizaine de trophées, dont le prix du stylisme du Festival de la mode et du mannequinat africain (Fesmma) de Cotonou, édition 2021. « L’éco-fashionista » emploie désormais 33 personnes – dont volontairement plusieurs femmes handicapées. Elle dessine, coupe, crée et organise chaque année à Ouidah la grande nuit de l’indigo pour célébrer le pagne au bleu si béninois.
Nadia Andalé s’est aussi lancée dans la décoration d’intérieur pour « mettre partout du bleu dans les yeux ». En plus de ses magasins de Ouidah et de Ouaga, elle espère ouvrir prochainement des boutiques à Lomé, Abidjan et Dakar.