Dans ce dossier
Moins d’une année après son retour aux affaires après une longue convalescence en Allemagne, où il s’est fait soigner pour des complications liées au Covid-19, Abdelmadjid Tebboune remanie sa garde rapprochée par petites touches.
Celui qui avouait en privé qu’il avait trouvé au palais d’El-Mouradia une coquille vide au lendemain de son élection en décembre 2019, continue de s’entourer des fidèles collaborateurs qui le suivent depuis son accession au pouvoir. D’autres cadres sont venus renforcer son équipe, notamment sur les questions liées à la communication et aux affaires de défense et de sécurité.

Le curriculum vitae de celui qui occupe depuis avril 2020 le poste de directeur de cabinet à la présidence en dit long sur sa longévité dans les arcanes du pouvoir et sa connaissance du sérail politique. Ministre du Commerce et des Finances dans les années 1980, ambassadeur en Tunisie, ce natif d’El Oued, dans le sud-est du pays, connaît très bien les rouages de la présidence pour y avoir été secrétaire général entre 1991 et 1992.
Une période particulièrement délicate durant laquelle le pays a connu l’ouverture démocratique, la montée des islamistes et la démission du président Chadli Bendjedid. Retiré de la politique, Abdelaziz Khellaf dirigea de 1994 à 2006 la Banque islamique de développement (BID), ce qui lui a permis de se constituer un solide carnet d’adresses parmi les dirigeants politiques et économiques en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.

Il est l’un des hommes clés de l’entourage du chef de l’État. D’une grande discrétion, cet ancien magistrat occupe les fonctions de conseiller aux affaires juridiques et judiciaires. Mais son influence va au-delà tant il est consulté sur toutes les nominations décidées à la présidence.
Avant d’accéder au palais d’El Mouradia, Boualem Boualem a longtemps piloté l’Organe national de prévention et de lutte contre les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication, le service chargé des écoutes téléphoniques rattaché au ministère de la Défense. À son actuel poste, cet ancien sénateur du Rassemblement national pour la démocratie (RND) a été chargé du suivi des dossiers de corruption pour lesquels de nombreux anciens ministres et oligarques ont écopé de lourdes peines de prison.

S’il existe une personne dont la fidélité à Abdelmadjid Tebboune est sans failles, c’est bien lui. À ses côtés durant sa disgrâce et pendant la campagne électorale pour la présidentielle de 2019, il est encore présent à la présidence comme conseiller pour les questions sociétales et associatives.
Député entre 1982 et 1987, ancien receveur des contributions, Abdelhafid Allahoum a été notamment chargé du règlement du délicat dossier des retraités de l’armée qui réclamaient une prime d’invalidité pour leurs états de service liés à la lutte contre le terrorisme. Il avait aussi la mission de porter la parole du président auprès de la société civile. En août 2021, il a rendu visite à la famille de Djamel Bensmail, dont la mort par lynchage en 2021 lors des feux de forêts qui ont sévi en Kabylie avait provoqué une vague d’indignation en Algérie.
JAD20220204-GR-Algérie-Tebboune-Photo6
Cet homme des médias a pris la place d’un ancien ministre de la Communication. Samir Aggoune est arrivé à la présidence en septembre 2021 comme porte-parole, après que ce poste a été laissé vacant par Mohand Saïd Oubelaïd, victime d’un grave AVC dont il se remet très lentement.
Ancien enseignant de la Faculté des sciences de l’information et de communication de Paris, Aggoune a occupé plusieurs postes au sein des médias algériens avant d’intégrer en juin 2020 la présidence comme chargé de mission. Directeur de l’information de Dzaïr News, la chaîne de télévision qui appartenait à l’ex-homme d’affaires Ali Haddad ou encore, journaliste-animateur à Echourouk TV, l’homme a la réputation d’être affable, compétent et proche des journalistes. Ces derniers ont particulièrement apprécié son professionnalisme à l’époque où Dzaïr News a connu une descente aux enfers suite à l’incarcération de son patron.
Cet autre homme de la « com’ » pilote la direction de la communication. Très proche du chef de l’État dont il était resté fidèle après sa « traversée du désert » au lendemain de son limogeage de son poste de Premier ministre en août 2017, Kamel Sidi Said a les coudées franches depuis le départ de Belaïd Mohand Oussaïd, avec lequel le courant passait mal.
Longtemps conseiller du groupe privé Cevital (industrie agroalimentaire), membre du think tank Care, il compte de nombreux amis dans l’univers de la presse écrite et audiovisuelle.

Il est tellement discret qu’il n’existe pratiquement aucune photo de lui. C’est en mars 2021 que cet ancien contrôleur général de l’armée arrive à la présidence comme conseiller chargé des affaires en lien avec la défense et la sécurité. Il remplace le général-major Abdelaziz Medjahed qui prend alors la tête de l’Institut national des études de stratégie globale (Inesg).
Bon connaisseur de l’Allemagne, où il a fait ses études, sa thèse de doctorat en sciences politiques à Alger portait sur les contrats d’armements et le transfert des technologies vers les pays du Sud. Après un bref passage entre 2004 et 2005 à la Direction de la communication, de l’information et de l’orientation (DCIO) du ministère de la Défense, il devient contrôleur général de l’armée (CGA). À l’été 2018 il a fait, comme de nombreux hauts gradés, les frais d’une vaste opération de limogeages ordonnée par Ahmed Gaïd Salah, alors chef d’état-major et vice-ministre de la Défense.

C’est un autre cadre dont l’essentiel de la carrière a pris place dans les services des renseignements qui est arrivé à la présidence en avril 2021 comme « chargé des affaires réservées ». Il conseille ainsi le chef de l’État dans les affaires de défense et de diplomatie, deux secteurs que cet ancien colonel connaît sur le bout des doigts.
Doté d’un excellent réseau dans les milieux militaires, civils et politiques, Mohamed Chafik Mesbah est sorti de sa retraite en avril 2020 pour diriger l’Agence algérienne pour la coopération internationale, avec rang de ministre conseiller auprès du chef de l’État. L’agence, qui fonctionne comme un superministère, est censée pallier la perte d’influence de l’Algérie au sein de son espace vital africain et au-delà.