Dans ce dossier
France-Mali : Paris et Bamako à l’heure de la rupture
C’est le jour du Sacrifice. En cet Aïd-el-Kébir, la foule se presse dans la grande mosquée de Bamako. Partout dans la ville, l’heure est à la fête, et l’humeur des hommes venus se recueillir est badine malgré le déploiement des forces de sécurité : les plus hautes autorités sont en train de prier. Tout à coup, un homme surgit dans le dos d’Assimi Goïta. Il brandit un couteau, tente de l’atteindre à la gorge. Mais c’est à un colonel des forces spéciales qu’il s’en prend, un homme qui a chassé les terroristes dans le Nord, appris à se défaire de l’ennemi, combattu au corps-à-corps. Le militaire esquive. Imperturbable.
Ici à Bamako, c’est Goïta qui commande. Et il fait ce qu’il veut
Ce n’est pas la première attaque à laquelle le président de la transition échappe. Il le sait déjà : ce ne sera pas la dernière. En quelques instants, ce 20 juillet 2021, l’assaillant est maîtrisé, et la sécurité personnelle du dirigeant malien quadrille les environs de la grande mosquée. « Que Dieu lui donne de la force ! » scandent en bamanankan quelques badauds lorsque Goïta s’éclipse. À son retour au palais de Koulouba, entouré de quelques fidèles, le rescapé relativise. « Cela fait partie du jeu », dit-il, serein. Du jeu ? Mais à quoi joue-t-il ?