Appropriation illégitime ou exploitation commerciale des ressources biologiques et des connaissances traditionnelles associées – souvent par des entreprises pharmaceutiques, cosmétiques ou agroalimentaires. Telle est la définition de la biopiraterie.
Sur le continent, cela fait vingt-cinq ans que la privatisation des plantes locales suscite une inquiétude croissante. Surtout que, selon les analystes, les systèmes traditionnels africains ont bien du mal à s’intégrer dans les structures mondiales dominantes. « Il y a un problème de compréhension culturelle. De nombreux aspects du capitalisme sont liés aux contextes occidentaux, notamment le système des brevets et le concept de propriété intellectuelle individuelle. Dans le contexte africain, c’est la propriété collective qui prévaut », explique à The Africa Report/Jeune Afrique Quentin Rukingama, associé directeur de JBQ Africa, société kényane de consulting en agrobusiness.
Des outils complexes et parfois contradictoires
Le savoir-faire et les traditions collectives sont en jeu. En 2002, l’organisation à but non lucratif Grain a recensé 24 brevets sur des ressources africaines détenus par des entreprises privées, dont une écrasante majorité est enregistrée aux États-Unis (suivis par les Pays-Bas, le Danemark, la Russie, la France, le Japon et l’Italie). Aucun de ces cas ne prévoit une participation aux bénéfices pour les communautés qui ont développé, au fil des générations, des usages de ces plantes.
« La majorité des pays africains ne disposent pas de lois sur l’agriculture et l’alimentation (notamment au niveau de la propriété intellectuelle), alors que les produits agricoles constituent 80 % des exportations du continent, et que l’agriculture représente une part importante de notre main-d’œuvre », explique Tigist Gebrehiwot, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle.