Tunisie : six mois après le 25 juillet, Kaïs Saïed inquiète plus que jamais

Depuis six mois, le président Kaïs Saïed concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Après avoir bénéficié au départ d’un préjugé favorable, le chantre de la démocratie directe se voit aujourd’hui accusé de dérive autoritaire.

Le président Kaïs Saïed annonçant le gel de l’Assemblée et la dissolution du gouvernement Mechichi, le 25 juillet 2021. ©EL WATANIA 1/CAPTURE YOUTUBE

Publié le 26 janvier 2022 Lecture : 9 minutes.

Par un simple décret, le président Kaïs Saïed a fait du 17 décembre, jour de l’immolation en 2010 du marchand ambulant Mohamed Bouazizi, la date anniversaire de la révolution, en lieu et place du 14 janvier 2011, qui marqua la fuite de Ben Ali et l’effondrement de son régime, mais que le président assimile à un « avortement de la révolution ».

C’est d’ailleurs dans la ville de Mohamed Bouazizi, Sidi Bouzid, que Kaïs Saïed a annoncé, le 21 septembre 2021, après huit semaines d’immobilisme, la mise en place de mesures transitoires pour gérer le pays. Le lendemain, la publication du décret 117 entérinait son passage en force du 25 juillet, où il s’était, de facto, arrogé tous les pouvoirs en invoquant l’article 80 de la Constitution pour faire valoir l’imminence d’un danger, justifiant ainsi le gel de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), la dissolution du gouvernement Mechichi, qu’il avait désigné, et la possibilité de légiférer par décret présidentiel.

À ses interlocuteurs internationaux qui craignent que le pays ne s’écarte du chemin de la démocratie, Kaïs Saïed oppose l’urgence sanitaire et l’état de déliquescence avancée de la classe politique. Face aux accusations de dérive autoritaire, il se justifie en citant l’exemple du général De Gaulle et de la Ve République, sans oublier Montesquieu.

Maître du temps

Selon le calendrier annoncé le 13 décembre 2021, l’état d’exception devient la règle, au moins jusqu’au 17 décembre 2022, date des prochaines législatives. Kaïs Saïed avait jusqu’alors refusé de produire la moindre feuille de route, arguant que ces demandes émanant de partenaires et d’institutions internationales constituaient une forme d’ingérence.

Car malgré des finances publiques exsangues, Kaïs Saïed se fait matamore, défie le FMI, les agences de notation internationales, qui ont le tort d’exprimer des doutes sur le climat des affaires, et tous ceux qui réclament des précisions sur ses objectifs et la méthode choisie pour les atteindre.

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