Politique

Burkina : arrestation d’un officier soupçonné de préparer un coup d’État

Un lieutenant-colonel a été mis aux arrêts ce 10 janvier. Depuis plusieurs mois, les autorités burkinabè redoutaient que le contexte sécuritaire ne pousse certains officiers à tenter un coup de force.

Réservé aux abonnés
Mis à jour le 11 janvier 2022 à 17:49

Le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana. © DR

Y a-t-il eu une tentative de coup d’État au Burkina ? Selon nos informations, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana a été mis aux arrêts par la gendarmerie, ce lundi 10 janvier. Ancien chef de corps du 12e régiment d’infanterie commando, Emmanuel Zoungrana avait été relevé de ses fonctions en décembre dernier à la suite de l’attaque d’Inata, qui a coûté la vie à 53 gendarmes. Il avait auparavant officié en tant que commandant du secteur ouest du groupement des forces de sécurisation du Nord et avait aussi dirigé le 25e régiment parachutiste commando, basé à Bobo-Dioulasso.

À Lire Burkina Faso : après l’attaque d’Inata, une armée en plein doute 

Selon plusieurs sources sécuritaires jointes par Jeune Afrique, le lieutenant-colonel Zoungrana est soupçonné d’avoir fomenté une tentative de putsch. Plusieurs autres militaires auraient été interpellés.

« Il n’est pas le seul à avoir été arrêté », a précisé, sous couvert d’anonymat, un haut gradé. « Affirmatif », a répondu un officier de la gendarmerie lorsque nous lui avons posé la question, mais sans fournir plus de détails pour l’instant. Contacté par JA,  le général Barthélemy Aimé Simpore, ministre des Armées, a fait savoir que les autorités « communiqueront bientôt officiellement sur cette question ».

Mécontentement dans la troupe

Depuis plusieurs mois, devant la dégradation constante de la situation sécuritaire et la multiplication des attaques, le mécontentement montait au sein de l’armée. En haut lieu, et alors que pas une semaine ne passait sans que ne soient déplorées des pertes en vies humaines, certains disaient même redouter un coup de force.

Des manifestants  face aux forces de sécurité lors d'une manifestation à Ouagadougou, le 27 novembre 2021. © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

Des manifestants face aux forces de sécurité lors d'une manifestation à Ouagadougou, le 27 novembre 2021. © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

Fin novembre, les forces de sécurité burkinabè avaient procédé à une vague d’arrestations dans les rangs de la société civile. Hervé Ouattara, l’un des meneurs de l’insurrection populaire d’octobre 2014, avait été interpellé, ainsi que plusieurs de ses camarades de lutte, dont Mamadou Drabo, Adama Tiendrebeogo, Marcel Tankouano et Abdoul Karim Bagagnan.

À Lire Burkina : 11 militaires blessés et 29 terroristes « neutralisés »

Ils avaient été arrêtés pour avoir pris part à une « manifestation illégale » contre l’insécurité au Burkina Faso. Des sources sécuritaires avaient alors évoqué leurs connexions dans l’armée et leur volonté de déstabiliser le régime du président Roch Marc Christian Kaboré. Mais pour l’instant, aucun lien n’a été formellement établi avec les arrestations du 10 janvier.