Mali : le Sénégal, grand « perdant » des sanctions de la Cedeao ?

La suspension du commerce de biens – et de son financement – depuis et à destination du Mali imposée par l’organisation régionale se fera-t-elle au détriment du Sénégal ? Et, par là même, au bénéfice de la Guinée et de la Mauritanie ? Pas si sûr. Explications.

Port autonome de Dakar, Sénégal. DP World vise pour le port en eau profonde de Ndayane une capacité de 1,5 million de conteneurs par an. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Port autonome de Dakar, Sénégal. DP World vise pour le port en eau profonde de Ndayane une capacité de 1,5 million de conteneurs par an. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

PhotodeprofilJoelAssoko3 (2) FATOUMATA-DIALLO_2024

Publié le 12 janvier 2022 Lecture : 5 minutes.

Issu du dossier

Le Mali face aux sanctions de la Cedeao

Face à Assimi Goïta, accusé de vouloir faire traîner la transition, les chefs d’État de la Cedeao ont décidé, le 12 décembre, de frapper fort : fermeture des frontières, suspension des transactions commerciales et financières, gel des avoirs de l’État malien… Quelles sont les conséquences de ces sanctions ?

Sommaire

« Avec ses sanctions, la Cedeao a voulu frapper fort. Néanmoins, aucun des États de la communauté n’a intérêt à ce que cette situation dure. L’interdépendance entre le Mali et les autres pays de la zone fait que la fermeture des frontières terrestres et maritimes – excepté pour les produits de premières nécessités – touche par ricochet les pays voisins », avertit un haut cadre de banque au Mali, interrogé par Jeune Afrique, à la suite de l’annonce le 9 janvier de plusieurs mesures punitives imposées par les chefs d’État ouest-africains contre le régime de Bamako.

En sanctionnant le Mali, on sanctionne le Sénégal aussi

« Le Mali est un pays enclavé qui trouve un débouché maritime vers les autres pays. Le port de Dakar vit, à plus de 50 %, des produits qui doivent aller vers le Mali. La fermeture des frontières impactera donc Dakar. Il en va de même pour la Côte d’Ivoire, qui vit du bétail malien. Si la situation perdure, le kilo de viande risque d’augmenter en Côte d’Ivoire », complète notre interlocuteur.

Le Mali, premier client du Sénégal

« Le Sénégal se tire une balle dans le pied. En sanctionnant le Mali, on sanctionne le Sénégal aussi », ont embrayé sur les réseaux sociaux et les médias locaux divers commentateurs de l’économie et de la politique sénégalaises. Ces derniers pointent un fait indiscutable : la place prépondérante du Mali, premier client du pays, dans le commerce extérieur du Sénégal.

En 2020, le Mali a accueilli 21 % des exportations de marchandises du Sénégal, soit plus que l’ensemble du continent asiatique (18 %) et dix fois le montant des ventes à destination de la France (2 %), selon les derniers chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).

Exportations du Sénégal vers les pays de la Cedeao en 2020 © ANSD

Exportations du Sénégal vers les pays de la Cedeao en 2020 © ANSD

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

Dans le même dossier

Mali : le médiateur de la Cedeao quitte Bamako sans accord

Oumou Sangaré : « Au Mali, la démocratie ne nous a menés nulle part »