À partir du 9 janvier prochain, toute l’Afrique aura le regard tourné vers le Cameroun, où se déroule enfin, après quelques reports, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) voulue par Paul Biya. Le chef de l’État camerounais, qui a prévu de se rendre aux cérémonies d’ouverture et de clôture, n’a jamais été un fan du ballon rond, mais il a fait de l’événement continental un rendez-vous politique essentiel de son actuel septennat.
Paul Biya entend donc avant tout répondre au défi sécuritaire posé par cette CAN 2021 – qui se joue paradoxalement en 2022. Face aux menaces des séparatistes ambazoniens, qui espèrent profiter de la médiatisation de l’événement pour frapper lors des rassemblements, les villes et stades de Limbe (Sud-Ouest) et de Douala (Littoral) apparaissent en première ligne. Le danger que constitue Boko Haram, même si aucun match n’aura lieu dans l’Extrême-Nord, est également pris en compte.
Sur qui le président camerounais s’appuie-t-il pour garantir aux spectateurs la sécurité de la compétition ? Jeune Afrique présente le casting sécuritaire de Paul Biya, du gouvernement aux gouvernorats, en passant par l’armée et les officines de renseignement.
Bras armé de Paul Biya, le ministre de l’Administration territoriale est le patron du Conseil national de sécurité, rattaché à la présidence, au sein duquel se réunissent tous les acteurs de la sécurité de l’État. Formé au renseignement par l’ancien chef espion camerounais Jean Fochivé, Paul Atanga Nji est également le lien direct du président avec les gouverneurs de région.
Il est en outre originaire de la région du Nord-Ouest, région la plus touchée par les attaques des séparatistes anglophones.
Ils travaillent en collaboration avec les gouverneurs du Littoral et de l’Ouest, Samuel Ivaha Diboua et Awa Fonka Augustine. Dans une moindre mesure, Abate Edi’i Jean, gouverneur du Nord, occupe la même place clé face à la menace que représente Boko Haram sur le site de Garoua.
Délégué général à la sûreté nationale (DGSN) depuis 2010, il est le patron de la police nationale et des renseignements généraux. Son service est directement rattaché à la présidence de la République. Cet ancien de l’École normale supérieure de police de Yaoundé est depuis de nombreuses années l’un des plus proches et influents conseillers du président Paul Biya (dont il est l’aîné d’un an). Il occupait déjà le poste de DGSN de 1983 à 1984 et a été blessé lors de la tentative de coup d’État de 1984.
Ancien ambassadeur au Brésil puis en Espagne, il a rang de ministre au sein de l’appareil camerounais, au sein duquel peu se risquent à le critiquer, y compris en coulisses.
Directeur général des renseignements extérieurs depuis 2010, cet ancien des Renseignements généraux et chef espion de Paul Biya est chargé de collecter les renseignements sur les menaces sécuritaires venues de l’extérieur. Comme le colonel Joël Emile Bamkoui, avec qui il ne s’entend guère, il a été à plusieurs reprises en contact avec les chefs ambazoniens, pour qui il fait figure d’interlocuteur modéré.
Léopold Maxime Eko Eko connaît par cœur les divisions qui minent le mouvement indépendantiste. Ce commissaire divisionnaire est l’un des hommes de confiance de Paul Biya, qui n’hésite pas à le charger d’enquêter sur certains puissants du sérail camerounais.
Ce colonel est aujourd’hui le patron de la sécurité militaire et a été ces dernières années à plusieurs reprises en contact avec les chefs ambazoniens à l’étranger, notamment Akwanga Ebenezer et Chris Anu. Il dispose ainsi de précieux réseaux au sein de l’appareil ambazonien. Le ministre de la Défense travaille également avec Galax Yves Landry Etoga, secrétaire d’État à la Défense et patron de la gendarmerie.
Deux autres généraux seront essentiels : Bouba Dobekreo, commandant du secteur 1 de la Force multinationale mixte (unité régionale (Cameroun/Tchad/Nigeria) déployée aux frontières nigérianes et tchadiennes) et Saly Mohamadou, commandant de la région militaire interarmées numéro 4 (Extrême-Nord).
Originaire du Nord-Ouest, région la plus en proie aux attaques des séparatistes ambazoniens, ses réseaux sont donc aussi importants en ce qui concerne la lutte contre les indépendantistes anglophones. Ce général est en contact direct et quotidien avec le président Paul Biya et son aide de camp, le général Joseph Fouda.