Le crépuscule de l’islamisme est-il arrivé ? Défaits au Maroc, marginaux en Algérie, bannis en Tunisie, sous perfusion turque en Libye, interdits en Égypte, chassés du pouvoir à Khartoum : les partis liés organiquement ou idéologiquement au mouvement des Frères musulmans sont en déroute sur tous les fronts d’Afrique où ils avaient triomphé après 2011. Ces échecs en série au cœur du monde musulman scellent-ils l’échec global de l’islam politique, diagnostiqué régulièrement depuis le début des années 1990 ?
Pour les observateurs les plus critiques, l’islamisme a échoué dans toutes ses tentatives, révolutionnaires puis sociales et enfin électorales, à faire triompher un projet théocratique global auquel il n’a jamais renoncé : la ré-islamisation de la société comme préalable à la restauration de l’État islamique califat.
Une faillite tantôt attribuée au dogmatisme de sa doctrine, à l’hybris de ses dirigeants parvenus au pouvoir dans la foulée des révolutions arabes, après des décennies d’exclusion. Tantôt, au contraire, à leur obsession du maintien au pouvoir, et, partant, de leurs compromissions politiques.