Cameroun : Paul Biya, l’amour de la balle et la politique du ballon

Le chef de l’État s’apprête, le 9 janvier, à inaugurer une Coupe d’Afrique des nations (CAN) sur laquelle il a beaucoup misé. Un épisode de plus dans sa longue relation avec les sports, entre passion véritable et intérêts plus politiques.

Le président camerounais Paul Biya, en septembre 2017. © REUTERS/Stephanie Keith

Le président camerounais Paul Biya, en septembre 2017. © REUTERS/Stephanie Keith

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Publié le 3 décembre 2021 Lecture : 6 minutes.

Paul Biya y pense depuis au moins trois ans. Alors qu’il s’apprêtait à rempiler pour un septième mandat consécutif, en octobre 2018, il avait promis à ses compatriotes de faire de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) une grande fête populaire et un symbole de l’unité du Cameroun autour de ses Lions indomptables. Malgré le report de 2019 à 2021 puis de 2021 à 2022, le président y croit encore : il a prévu d’être présent à la cérémonie d’ouverture, le 9 janvier à Yaoundé, dans le stade qui doit prochainement porter son nom.

Qu’importent les retards de travaux qui inquiètent la Confédération africaine de football (CAF). Qu’importe aussi la pandémie de Covid-19 qui menace de troubler la fête. Paul Biya veut sa CAN, convaincu que les vertus mobilisatrices du football sauront faire oublier les profondes divisions qui minent le pays. « Paul Biya a toujours eu un rapport très politique au football. Il s’est toujours intéressé aux CAN et aux Coupes du monde parce qu’elles étaient des facteurs de rayonnement international et d’unité nationale », confie un proche de la présidence.

Un sportif un brin élitiste

En octobre 2013, alors que le Cameroun s’apprête à disputer un dernier match pour se qualifier pour le mondial au Brésil, il a joué de son influence auprès de Samuel Eto’o pour l’empêcher de se retirer de la sélection nationale, comme l’attaquant l’avait annoncé. Un tête-à-tête avec le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, et les « hautes instructions du chef de l’État » suffiront à convaincre l’aspirant à la retraite de revenir et de participer à l’aventure brésilienne. Paul Biya et Samuel Eto’o ont, depuis, gardé une relation de confiance. Le cadet a d’ailleurs ouvertement soutenu l’aîné lors de la présidentielle, tandis que le chef de l’État ne cache guère son affection pour le Lion indomptable.

Marqué par son éducation, Paul Biya apprécie peu les sports populaires

Le président camerounais n’a pourtant jamais été lui-même un grand fan du ballon rond. Contrairement à son homologue congolais Félix Tshisekedi, il ne regarde pas chaque dimanche une émission sur le football. Il n’est pas non plus fan d’une équipe de Premier League au point d’en commenter les matchs, comme le Rwandais Paul Kagame. Et il ne s’est jamais mis en scène en short et maillot pour faire admirer sa technique ballon au pied, comme a pu naguère le faire feu Pierre Nkurunziza au Burundi. Solitaire dans l’âme, marqué par une éducation élitiste, le chef de l’État n’a jamais eu d’appétence particulière pour les sports populaires. Il ne suit d’ailleurs guère que de très loin les exploits récents des Pascal Siakam et autres Joël Embiid en NBA.

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