Face à l’érosion côtière, qui leur fait perdre entre 1,8 et 5 mètres de littoral chaque année, six pays ouest-africains – Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal et São Tomé-et-Principe – mènent des actions coordonnées depuis trois ans.
Ces travaux, financés par le programme de gestion du littoral ouest-africain, plus connu sous l’acronyme anglais « WACA : West Africa Coastal Areas Program », doivent permettre de protéger plus de 110 km de côtes d’ici à 2023 avec la construction de digues et de murs de protection tout en récupérant plus de 8 000 hectares de terres grâce au reboisement.
L’enjeu est également humain avec la mise à l’abri de près de 54 000 ménages aujourd’hui menacés par les inondations.
Travaux d’urgence
Lancé en 2018, le programme – financé par la Banque mondiale pour un montant initial de 221,7 millions de dollars (prêts et dons) dont 11,7 millions pour la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) – affiche ses premières avancées, principalement dans la réalisation de travaux d’urgence pour près de 5 km de côte.
Le Bénin (aménagement de la berge sud du fleuve Mono et de l’embouchure appelée Bouche du Roi), le Togo (construction d’épis sur plus d’un kilomètre), la Mauritanie (travaux de fixation sur 2 km) et São Tomé-et-Principe (digue et mur de protection) en sont les principaux bénéficiaires.
Le Sénégal a progressé sur le volet du reboisement avec près de 50 hectares de filaos plantés et 8,5 hectares de mangroves reboisés, quand la Côte d’Ivoire, qui veut stabiliser 13 kilomètres de cordon sableux dans la zone de Grand-Lahou, doit démarrer les travaux en 2022.
La mise en œuvre de la première phase du programme qui affichait à la fin d’octobre 2021 un taux de décaissement de 22 % (soit 45 millions de dollars) a été complétée par le bilan des littoraux, des études de faisabilité, l’examen des sites et la mise en place d’un conseil scientifique régional pour accompagner les travaux.
À l’origine du projet, le Bénin (58,6 millions de dollars) et le Togo (55,5 millions de dollars) ont hérité des plus importants budgets, à savoir, pour l’ensemble du programme, de 58,6 millions de dollars pour le premier et 55,5 millions pour le second. Le Sénégal bénéficiera de 53,7 millions, la Côte d’Ivoire de 33 millions, et São Tomé-et-Principe de 9,3 millions.

Personnes vivant dans les zones côtières à Bargny, Sénégal © Vincent Tremeau pour la Banque mondiale/Licence CC
Défi budgétaire
En juin, un financement additionnel de 36 millions de dollars ( 24 millions pour le Bénin et 12 millions pour le Togo) a été accordé par la Banque mondiale, São Tomé-et-Principe bénéficiant d’une rallonge de 6 millions de dollars de la part du Fonds pour l’environnement mondial.
Nous devons travailler à la pérennité de ces actions
« Le projet Waca est exemplaire en ce sens que ce sont les États eux-mêmes qui se sont rapprochés de la Banque mondiale pour mettre en œuvre cette initiative », a salué fin novembre à Lomé Kako Nubukpo, commissaire de l’Uemoa chargé de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement.
« Nous devons faire de ce projet une réussite mais aussi travailler à la pérennité des actions dans ce domaine », a plaidé l’ancien ministre togolais de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques.
Nouveaux entrants
Pour les États, la lutte contre l’érosion côtière, les inondations et la pollution est un défi budgétaire. Une étude de la Banque mondiale chiffre à environ 3,8 milliards de dollars le coût de la protection des zones côtières du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Togo, soit 3,5 % du PIB des quatre pays.
Selon la même étude, la dégradation des zones côtières impose des coûts allant de 2,5 % du PIB au Bénin à 7,6 % du PIB au Sénégal en passant par 4,9 % pour la Côte d’Ivoire et 6,4 % pour le Togo.
Trois pays, le Ghana, la Gambie et la Guinée Bissau, rejoindront d’ici au 1er juillet 2022, selon le chronogramme établi par la commission de l’Uemoa, le programme Waca, qui doit s’étendre, à terme, à 17 États.