Éthiopie – Abiy Ahmed : « La jeunesse du Tigré est en train de tomber »

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a exhorté mardi 30 novembre les rebelles du Tigré à se rendre, affirmant que les forces gouvernementales se rapprochaient de la victoire, une semaine après s’être engagé à diriger les opérations militaires sur le front.

Abiy Ahmed, dans une vidéo diffusée sur les médias d’État le présentant comme étant sur le front, face aux rebelles du TPLF. © /AP/SIPA

Abiy Ahmed, dans une vidéo diffusée sur les médias d’État le présentant comme étant sur le front, face aux rebelles du TPLF. © /AP/SIPA

Publié le 30 novembre 2021 Lecture : 3 minutes.

« La jeunesse du Tigré est en train de tomber comme des feuilles. Sachant qu’elle est vaincue, elle est dirigée par quelqu’un qui n’a pas de vision ni de plan clair », a déclaré Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, dans un commentaire diffusé par les médias d’État. « Ils devraient se rendre aujourd’hui à la Force de défense nationale éthiopienne, aux forces spéciales, aux milices et au peuple », a lancé le Premier ministre.

Abiy Ahmed se met en scène au front

La vidéo de mardi est la dernière d’une série montrant Abiy Ahmed en uniforme avec des soldats dans ce qui semble être la région d’Afar, théâtre de combats ces dernières semaines, les rebelles tigréens tentant de prendre le contrôle d’une route stratégique reliant Djibouti à la capitale éthiopienne, Addis-Abeba.

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Dimanche, les médias publics ont affirmé que l’armée contrôlait la ville afar de Chifra, située dans les basses terres, et Abiy Ahmed a déclaré mardi que ces succès allaient se reproduire sur le front ouest, dans la région d’Amhara. « L’ennemi a été vaincu. Nous avons remporté une victoire impensable […]. Maintenant, à l’ouest, nous allons répéter cette victoire », a-t-il déclaré.

Lundi, un porte-parole du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) avait cependant qualifié le déploiement militaire éthiopien de « cirque » impliquant des « jeux de guerre grotesques ».

Les craintes d’une marche des rebelles sur la capitale ont incité les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Grèce et d’autres pays à demander à leurs citoyens de quitter l’Éthiopie dès que possible, en fin de semaine dernière.

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Face à l’avancée des rebelles du TPLF, les autorités éthiopiennes ont mené une contre-offensive d’ordre militaire, mais aussi sur le terrain de la communication. Outre les images du Premier ministre présent sur le front diffusées par les médias d’État, a été publié jeudi dans la soirée un décret stipulant qu’il est désormais « interdit de diffuser, via n’importe quel moyen de communication, tout mouvement militaire [ou] issu [des combats] sur le champ de bataille » n’ayant pas été au préalable officiellement publié par le gouvernement. « Les forces de sécurité prendront les mesures nécessaires contre ceux qui auront été pris en flagrant délit de violation » du décret, a prévenu le gouvernement, sans préciser la nature de ces « mesures ».

Crise humanitaire

Distribution de nourritures à des déplacés ayant fui les combats dans l'Amhara, le 27 août 2021 à Debrak, dans le nord de l'Éthiopie. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Distribution de nourritures à des déplacés ayant fui les combats dans l'Amhara, le 27 août 2021 à Debrak, dans le nord de l'Éthiopie. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

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Le gouvernement a également interdit à la population d’ »utiliser les différents types de plateformes médiatiques pour soutenir directement ou indirectement le groupe terroriste », en référence au TPLF, ainsi que toute mention d’un « gouvernement de transition ». Mercredi, le Congrès fédéraliste oromo (OFC) avait réclamé une cessation des hostilités et la mise en place d’une « administration d’interim » qui ouvrirait des négociations avec toutes les parties pour former un « gouvernement entièrement inclusif de transition nationale ».

La guerre qui fait rage depuis novembre 2020 entre les forces gouvernementales et les combattants du TPLF a provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes, jeté sur les routes plus de 2 millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire. Le Programme alimentaire mondiale (PAM) recense 9,4 millions de personnes souffrant de la faim « en conséquence directe du conflit en cours » au Tigré mais aussi dans les régions de l’Amhara et de l’Afar, où le conflit s’est étendu. « La région Amhara [où les combats se déroulent en ce moment] a observé la plus grande progression des chiffres, avec 3,7 millions de personnes désormais souffrant d’un besoin urgent d’aide alimentaire », précise le PAM dans un communiqué diffusé vendredi.

Avec AFP

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