Il n’aura pas fallu plus de 24 heures pour que le gouvernement congolais réagisse au scandale qui ébranle en ce moment le clan Kabila. Dans une lettre datée du samedi 20 novembre, Rose Mutombo, la ministre de la Justice, donne « injonction » au procureur général près la Cour de cassation « d’ouvrir une instruction judiciaire » sur les récentes « révélations de détournements de fonds publics impliquant plusieurs sociétés congolaises et internationales ». La ministre demande d’engager, le cas échéant, des poursuites.
Ce courrier a été rédigé 24 heures après la publication des premières conclusions de « Congo Hold-up », une vaste enquête menée par un consortium de 19 médias et ONG. Basée sur la fuite de quelque 3,5 millions de documents confidentiels issus de la BGFIBank, elle incrimine l’ancien président Joseph Kabila, sa famille et ses proches. Selon Congo Hold-up, au total, près de 140 millions de dollars auraient été décaissés entre 2013 et 2018 au profit de proches de l’ancien chef de l’État.
« Kabila Bashing » ?
Des accusations dénoncées par le camp de Joseph Kabila dans un communiqué, les qualifiant de « Kabila Bashing » et appelant à ne pas céder à « une énième tentative de décrédibilisation ». Rien « ne démontre l’implication factuelle ou même implicite de [la présidence de la République] qu’il a eu l’honneur de diriger pendant 18 ans », écrit Barbara Nzimbi, la conseillère en communication de l’ancien président.
« Que veulent les journalistes avec cette enquête ? Qu’on poursuive ? Eh bien on va le faire », a déclaré une source proche du gouvernement, alors que l’alliance liant Félix Tshisekedi et Joseph Kabila a volé en éclat il y a un an, poussant le Front commun pour le Congo (FCC) de ce dernier dans l’opposition.