Politique

Fermeture de Nessma TV en Tunisie : comment la chaîne veut contre-attaquer

Le gendarme de l’audiovisuel tunisien a confirmé la fermeture de la chaîne de télévision fondée par Nabil Karoui. Mais les dirigeants de ce média ne comptent pas baisser les bras.

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Mis à jour le 28 octobre 2021 à 17:14

Lors de la fermeture des locaux de Nessma TV. Nessma TV , fermeture © Wafa Trabelsi

La fermeture de Nessma TV, annoncée le 27 octobre par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), officiellement en raison de « suspicions de corruption financière et administrative », provoque de nombreux remous au sein du paysage médiatique tunisien.

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Depuis 2018, la chaîne de télévision fondée par Nabil Karoui, ex-candidat à la présidentielle de 2019 et adversaire politique de Kaïs Saïed, qui a pris depuis ses distances avec ce média, tente de régulariser sa situation et de se mettre en conformité avec le cahier des charges, mais la Haica lui oppose systématiquement une fin de non-recevoir.

Recours juridiques

La décision a été définitivement entérinée à la mi-octobre lors d’une réunion de la Haica, mais elle n’a été formalisée qu’en dépêchant la force publique le 26 octobre. Nessma TV n’est pas le seul média à être dans le collimateur de la Haica, qui a également coupé le signal de Radio Quran Al Karim et qui compte faire de même avec Hannibal TV.

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Ces mesures n’empêchent cependant pas les médias concernés d’émettre depuis l’étranger. Selon des sources proches de la direction de Nessma TV, certains actionnaires étudient cette possibilité mais aussi d’éventuels recours juridiques. Toujours selon eux, la Haica signe des ordres sans en avoir la légitimité, puisque son mandat de trois ans n’a pas été renouvelé et que l’instance, qui n’a pas été pérennisée par le Parlement, est toujours temporaire.

Plusieurs juristes rappellent par ailleurs que la suspension de la Constitution et la mise en œuvre du décret 117 pour l’organisation transitoire des pouvoirs invalide la mise en application de décisions ordonnées par la Haica et que celle-ci équivaut à un abus de pouvoir et à un grief d’incompétence. Des arguments que la défense de Nessma TV fera prévaloir si l’instance audiovisuelle refuse d’engager un dialogue avec elle.