Dans ce dossier
Jeune Afrique : Votre programme Excellence in Africa a pris un virage récemment, de quoi s’agit-il ?
Jérôme Chenal : De 2013 à 2019, nous faisions avant tout de la formation, en collaboration avec notre partenaire l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), au Maroc.
Ce qui est nouveau, c’est que nous associons maintenant étroitement formation et recherche. Les jeunes chercheurs sont les professeurs de demain, l’idée consiste à mettre en duo un jeune chercheur africain et un professeur confirmé de l’EPFL autour d’un projet mené dans l’université africaine concernée, et que nous finançons à hauteur de 700 000 euros.
L’idée est de mutualiser le coût de l’enseignement entre les différentes universités africaines
Nous avons déjà six projets de ce type qui ont abouti à des thématiques particulières au continent. Par exemple la production de biofioul à partir de plantes non comestibles en Afrique du Sud, ou l’utilisation de venin de serpent et de scorpion contre la maladie de Parkinson en Tunisie.
L’EPFL est aussi connue pour son programme de MOOC, ces modules d’enseignement à distance grâce au numérique. Où en êtes-vous ?
Les MOOC s’inscrivent dans une logique plus large de digital education, là encore avec nos partenaires marocains. Nous allons poursuivre sur les questions d’urbanisme parce que c’est l’un des grands défis à venir de l’Afrique, mais nous voulons aussi élargir notre offre avec des formations liées à l’éducation : l’écriture scientifique, présenter une demande de financement…
L’ADN de notre école, c’est l’excellence
In fine, l’idée est d’arriver à faire ce qu’on ne parvient pas à faire en Europe, c’est-à-dire mutualiser le coût de l’enseignement entre les différentes universités africaines. Donc produire un matériau pédagogique totalement libre d’accès.
Recherche de pointe, doctorants… Vous ciblez un public très spécialisé !
L’ADN de notre école, c’est l’excellence, et nous assumons le fait de garder le même positionnement en Afrique. Je ne veux pas paraître prétentieux mais je pense que cela contribue à redéfinir un peu ce qu’on appelle la « coopération ». Nous ciblons les meilleurs, c’est un fait, et il y a des personnes excellentes partout, donc nous allons les chercher.