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Celle qui, à la fin du XIXe siècle, n’était qu’une épaisse forêt dont la presqu’île n’abritait que quelques hameaux de pêcheurs tchamans, puis un splendide mouillage à l’abri de la redoutable barre redoutée de tous les navigateurs depuis plusieurs siècles, est aujourd’hui le centre névralgique de cette partie francophone du continent.
Ville de bric et de broc
Économiquement, cela ne fait aucun doute : avec son port en eau profonde, son aéroport international, sa gare ferroviaire, elle est l’une des principales portes d’entrée et de sortie en Afrique de l’Ouest.
La capitale économique est aujourd’hui confrontée à un défi majeur : se réinventer
Mais Abidjan, c’est surtout une ville de bric et de broc, une fourmilière composée de toutes les ethnies de Côte d’Ivoire mais aussi d’habitants et de visiteurs venus du continent voire du reste de la planète. Abidjan, c’est le Plateau, petit Manhattan qui abrite le cœur du monde des affaires mais aussi une partie de l’administration, les quartiers résidentiels de Cocody ou Riviera, les populaires Adjamé, Abobo, Treichville ou Yopougon. La Zone 4, plus récente, où se croisent à peine salariés le jour et fêtards la nuit.
Abidjan, c’est le mythique hôtel Ivoire, symbole de l’euphorie des années Houphouët, quand la jeunesse dorée de l’époque se pressait sur la glace de sa patinoire, la seule d’Afrique, qui a aujourd’hui retrouvé son lustre après une complète rénovation. Ses embouteillages interminables, malgré la multiplication d’infrastructures routières comme le pont Henri-Konan-Bédié. Ses maquis comme ses restaurants de luxe. Ses logements précaires construits à la va-vite comme ses villas inouïes imaginées par des architectes de talent au mitan des années 1970. Son grand marché et ses centres commerciaux ultramodernes. Ses villages de pêcheurs mais aussi son yacht-club ou ses havres pour ultra-riches. Ses bars chics où le champagne coule à flots et ses vendeurs de nyamakouji. Ses églises et ses mosquées. Abidjan est unique.
Du rêve et du pratique
La capitale économique, comme tous les grands pôles urbains dans le monde, a fortiori en Afrique où leur croissance démographique est exponentielle, est aujourd’hui confrontée à un défi majeur : se réinventer. Il ne s’agit plus de bricoler, de rénover ou de prévoir à courte vue. Ni même de glaner des mètres carrés ici ou là, hors de ses frontières actuelles voire sur la lagune. 65 000 habitants en 1934, plus de 5 millions désormais. Onze millions si l’on inclut le chapelet de villes satellites qui s’égrène de Dabou à Aboisso ou à Adzopé.
Il faut de la place, évidemment, des logements, surtout, mais aussi des transports, de l’énergie, des infrastructures scolaires et sanitaires, pour traiter les déchets ou nourrir sa population, des espaces de loisirs, d’autres pour accueillir les voyageurs d’affaires et les touristes classiques. De la culture, aussi. De l’Internet accessible (et fonctionnel). Du rêve et du pratique, en somme. En respectant l’âme d’une ville à nulle autre pareille, ce qui n’est pas le moindre des défis…