Achille Mbembe et Eugène Ébodé, deux visions irréconciliables du panafricanisme

En acceptant de travailler avec Emmanuel Macron, Achille Mbembe s’est-il « disqualifié » ? C’est ce dont l’accuse Eugène Ébodé, intellectuel camerounais lui aussi. Une controverse dans laquelle l’un et l’autre convoquent les grandes figures du panafricanisme.

Eugène Ébodé et Achille Mbembe, deux intellectuels aux conceptions radicalement opposées des rapports que doivent entretenir l’Afrique et la France. © Montage JA; Francesca Mantovani/Gallimard; Marc Shoul pour JA

Eugène Ébodé et Achille Mbembe, deux intellectuels aux conceptions radicalement opposées des rapports que doivent entretenir l’Afrique et la France. © Montage JA; Francesca Mantovani/Gallimard; Marc Shoul pour JA

Bokar Sangareě

Publié le 18 octobre 2021 Lecture : 5 minutes.

Chaque sommet offre son lot de polémiques, de crises, voire son contre-sommet. Le nouveau Sommet Afrique-France aura, jusqu’au bout, porté en son sein une controverse qui a eu des résonances jusqu’au cœur de l’establishment intellectuel africain.

Duel de penseurs

L’un des plus emblématiques duels s’est livré entre penseurs camerounais : d’un côté Achille Mbembe, devenu la cible préférée de ceux qu’il considère comme les tenants d’un « panafricanisme échevelé », de l’autre Eugène Ébodé, qui accuse le premier d’être l’un des « nouveaux tirailleurs d’une guerre contre l’Afrique ».

Si la passe d’armes entre ces deux figures n’a pas été frontale, elle n’en a pas moins été émaillée de piques ciselées, laissant apparaître en pointillé des positions a priori inconciliables sur le panafricanisme, la souveraineté et l’autodétermination africaine.

Achille Mbembe, 64 ans, historien, philosophe et politologue respecté sur le continent, grand théoricien du post-colonialisme, n’a cessé de décliner, y compris dans Jeune Afrique dès le mois de mars dernier, les raisons pour lesquelles il avait accepté de répondre positivement à la sollicitation d’Emmanuel Macron. Afin d’effectuer le travail nécessaire pour ce sommet, il était accompagné par un comité composé de personnalités ayant pour mission d’organiser des débats d’idées « absolument libres et sans tabous ».

Ces débats ont été organisés en prélude à celui que le président français devait avoir avec des jeunes choisis au sein de la société civile africaine, seule invitée à ce nouveau sommet. Mbembe a porté au crédit d’Emmanuel Macron des actes posés depuis 2017 et qui, bien que ne marquant pas de rupture, sont tout sauf anodins.

Contexte électoral

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