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Depuis quelques heures déjà, la rumeur s’est faite insistante au sein de l’armée burundaise. Le 20 octobre 1993, le major Dieudonné Nzeyimana, chef des renseignements de la gendarmerie, informe ses supérieurs qu’à Bujumbura, la tension est perceptible parmi les soldats. Vers 16 heures, le même jour, le major Isaïe Nibizi, commandant du 2e bataillon commando, demande à rencontrer d’urgence le chef de cabinet du président Melchior Ndadaye, Frédéric Ndayegamiye, pour l’informer que des éléments du 1er bataillon parachutiste et du 11e bataillon blindé sont très excités, qu’ils préparent un coup d’État et ont l’intention d’arrêter certaines personnalités politiques.
Le commandant ajoute qu’il a déjà informé l’état-major général de l’armée qu’un putsch semble imminent. Il demande donc à Ndayegamiye de lui fournir un véhicule banalisé afin de procéder à une tournée d’inspection des unités concernées. Le chef d’état-major des Forces armées burundaises, le colonel Jean Bikomagu, se veut malgré tout rassurant. Il indique s’être rendu en personne à la caserne du « 1er Para » et n’avoir rien constaté d’anormal. Pourtant, la rumeur continue de se propager à travers Bujumbura…
À 17 heures, le conseiller politique et diplomatique du chef de l’État est informé par le chef d’état-major de la gendarmerie que le 11e Para et le 11e Blindé fomentent un putsch pour le lendemain. Il essaie de prendre contact avec le ministre de la Défense, le lieutenant-colonel Ntakije, qui assiste au conseil des ministres. En vain. De partout, le même renseignement afflue : un coup d’État est sur le point de viser le président Melchior Ndadaye.