Le groupe pétrolier italien ENI veut aller vite en Côte d’Ivoire, après l’annonce de la découverte, en septembre, d’un gisement recelant 1,5 milliard à plus de 2 milliards de barils de pétrole et de gaz associé, selon les estimations, sur le permis CI-101 dans les eaux profondes du pays.
Le 2 octobre, Claudio Descalzi, le directeur général du colosse italien (44 milliards d’euros de revenus en 2020) s’est déplacé à Abidjan pour rencontrer le chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara. Le patron d’ENI avait à ses côtés une demi-dizaine de cadres de l’entreprise.
Stratégie détaillée
Parmi eux, le géologue Alessandro Puliti, directeur des opérations pour les ressources naturelles, l’ancien député européen et ex-vice-ministre italien des Affaires étrangères Lapo Pistelli, directeur des relations publiques du groupe, l’ingénieur Guido Brusco, directeur de l’upstream (exploration et production) ainsi que Sergio Laura, le directeur général de la filiale ivoirienne.
En face, Alassane Ouattara avait réuni une partie de son cabinet, dont Abdourahmane Cissé, le secrétaire général de la présidence, Masséré Touré-Koné, la directrice de la communication du Palais, et deux membres du gouvernement, Adama Coulibaly (Économie et Finance) et Thomas Camara (Mines, Pétrole et Énergie).
Selon nos informations, le patron d’ENI a informé dans les moindres détails la partie ivoirienne sur le plan de développement et de production du permis CI-101 où est situé le gisement découvert en septembre. ENI prévoit une stratégie de « Fast Track » (procédure accélérée) sur ce permis.
L’entrée en production est prévue à partir de 2024
Le groupe d’hydrocarbures a prévu d’effectuer des travaux supplémentaires ainsi qu’une campagne de forage ferme, et deux autres sont programmées. Un investissement d’au moins 1 milliard de dollars est budgétisé pour financer les travaux, avec à la clé une entrée en production à partir de 2024. Sur le champ Baleine où est localisé le gisement, un seul forage a été réalisé. « Le champ a plus de potentialités que ce qui a été annoncé. Le forage n’a pas atteint la profondeur escomptée pour intercepter la nappe pétrolifère. L’évaluation sera affinée », confie une source proche du dossier.
C’est en 2017 grâce au lobbying de son ancien vice-président Afrique subsaharienne Umberto Carrara qu’ENI avait repris d’anciens blocs pétroliers détenus par le russe Lukoil et le nigérian Oranto, respectivement les CI-101 et CI-205 pour une enveloppe de 40 millions de dollars, assortie d’un bonus de signature de 4 millions de dollars pour l’État ivoirien.
En Côte d’Ivoire, ENI ne compte pas seulement exploiter le pétrole. L’entreprise prévoit aussi de sceller un partenariat entre son université interne et l’École nationale des mines et du pétrole basée dans l’enceinte de Institut polytechnique de Yamoussoukro, la capitale politique du pays.