Politique

Tunisie : qui est Walid Hajjem, le « monsieur diplomatie » de Kaïs Saïed ?

Attaché diplomatique du cabinet présidentiel depuis février 2020, Walid Hajjem a été promu par décret conseiller de Kaïs Saïed le 5 août dernier. Il est également devenu officieusement le porte-parole de Carthage.

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Mis à jour le 6 octobre 2021 à 16:38

Walid Hajjem, conseiller du président Kaïs Saïed. © hichem

Originaire de l’île de Djerba, dans le sud tunisien, Walid Hajjem est né et à grandi dans le quartier d’El Ouardiya 2, dans le grand Tunis. Peu connu du grand public, il s’est progressivement imposé dans les médias où il sert de courroie de transmission à Carthage et parfois même de « fusible ».

Costume-cravate, lunettes fines discrètes, le style passe-partout de Walid Hajjem est couplé à son choix de ne pas apparaître sur les réseaux sociaux, où il préfère user de pseudonymes et résume son parcours au simple titre de « diplomate ».

Depuis le départ de Rym Kacem, conseillère chargée de la communication à Carthage, il a pourtant été imposé comme porte-parole improvisé de la présidence et est devenu, à ce titre, une figure publique. Il est depuis maintes fois monté au créneau pour défendre le chef de l’État.

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Il avait par exemple récusé en mai l’authenticité du document de Middle East Eye faisant état de la préparation d’un coup d’État depuis Carthage en activant l’article 80 de la Constitution. Il avait même assuré à l’époque à Al Jazeera : « L’ère des coups d’État est révolue et dépassée. »

De l’avis de certains observateurs, ses déclarations serviraient aussi à tester l’opinion, surtout depuis le coup de force présidentielle du 25 juillet.

Il avait ainsi confirmé le 10 septembre à Sky News le choix du régime présidentiel comme nouvelle orientation de Kaïs Saïed. Certains y avaient vu un prélude à l’annonce officielle le 22 septembre du renforcement de ses pouvoirs.

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Jusqu’alors, Walid Hajjem, qui avait intégré le ministère tunisien des Affaires étrangères (MAE) en 2002, officiait plutôt côté bureaux que face caméra. 

Il est décrit tantôt comme un travailleur acharné, tantôt comme « un collaborateur fidèle aligné sur les positions officielles »

Rien ne prédestinait cet économiste formé à la faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis à traiter des dossiers africains, mission qui lui incombera au sein du MAE jusqu’à 2006.

Cette année-là, il est nommé vice-consul à Palerme, où il restera en poste jusqu’à août 2011. Entre temps, il est élevé au rang de conseiller des Affaires étrangères (2008).

Le réseau Tarek Bettaïeb

Dès son retour à l’administration centrale à Tunis, il est chargé du dossier libyen. L’année suivante, en 2012, il gère le monde arabe au sein du cabinet ministériel nahdhaoui de l’époque dirigé par Rafik Abdessalem.

En août 2014, il s’envole pour l’ambassade de Tunisie à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), où il seconde l’ambassadeur Tarek Bettaïeb en qualité de chef de mission adjoint, jusqu’à son départ en août 2015.

Il y assure ensuite seul l’intérim en tant que chargé d’affaires jusqu’à la nomination d’un nouvel ambassadeur, Samir Mansar, en 2017.

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En rejoignant le siège tunisois du ministère des Affaires étrangères en 2019, il intègre la cellule chargée de préparer l’entrée de la Tunisie comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour deux ans, à partir de 2020.

Décrit par ses pairs tantôt comme un travailleur acharné et sérieux, tantôt comme « un collaborateur fidèle aligné sur les positions officielles », il est nommé attaché diplomatique à Carthage en février 2020.

Selon nos informations, c’est Tarek Bettaïeb qui aurait soufflé le nom de ce quadragénaire – il est né en 1978 – au président, avec celui de sa consœur Souad Trabelsi, également nommée attachée du cabinet présidentiel.

Bettaïeb, diplomate de carrière, occupait en effet le poste de chef de cabinet depuis le 30 octobre 2019, et aurait suggéré les noms de ces deux jeunes diplomates avant de quitter ses fonctions, fin janvier 2020, et de partir pour Berne.

Walid Hajjem a été promu en 2021 ministre plénipotentiaire – Souad Trabelsi l’avait été en 2016 –, avant d’être nommé conseiller de Kaïs Saïed le 5 août.