Chine-Afrique : qui a bénéficié des 40 milliards de dollars de la « dette cachée » ?

Pas moins de vingt-six États africains ont sous-évalué leur dette envers la Chine. Sur le continent plus qu’ailleurs, Pékin a eu recours aux très risqués Ressources Based Loans. Plongée en infographies, pays par pays, dans un système de financement particulièrement opaque.

Manifestants pro-Chinois Hong-Kong en juillet 2021. © photo montage JA

Manifestants pro-Chinois Hong-Kong en juillet 2021. © photo montage JA

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Publié le 7 octobre 2021 Lecture : 2 minutes.

On savait déjà que la Chine était le principal créancier du continent. On sait désormais que l’ampleur des prêts que Pékin a accordé aux pays africains dépasse, de très loin, les estimations établies jusqu’à présent. Dans son rapport Banking on the Belt and Road, publié le 27 septembre, l’AidData, de l’Institut William and Mary, a en effet révélé que 385 milliards de dollars (330 milliards d’euros) de dettes « cachées » sont sortis des radars du système de déclaration officiel de la Banque mondiale. En Afrique, 26 États sont ainsi indirectement débiteurs de ces « dettes cachées » contractées auprès d’organismes chinois, soit près 40 milliards de dollars sur la période 2000 – 2017.

Depuis 30 ans, les banques chinoises se sont attelées à brouiller la distinction entre dette publique et dette privée, en accordant de plus en plus de prêts à des sociétés parapubliques ou des joint-ventures avec des garanties plus ou moins implicites de remboursement par le gouvernement des sociétés emprunteuses. À la moindre crise, ces emprunts – considérées comme privées – pourraient donc soudainement se transformer en dette publique… Et asphyxier des économies déjà exsangues.

Et sur le continent, Pékin est allé encore plus loin. La Chine, dont l’un des principaux axes stratégiques est la sécurisation des ressources naturelles que l’insatiable « usine du monde » dévore à un rythme effréné, a multiplié le recours aux Ressources Based Loans (RBLs). Depuis 2000, au moins 60 milliards de dollars de prêts ont été octroyés sous ce régime à neuf pays dont les indices de gouvernance des ressources et de corruption sont pourtant très faibles.

Des prêts risqués

Réputés particulièrement opaques – seul un contrat a été rendu partiellement public en RDC – ces prêts sont remboursés ou garantis par les futures recettes issues de l’exploitation des matières premières du pays emprunteur. S’ils permettent aux banques de minimiser les risques et servent à financer des projets d’infrastructures souvent essentiels pour les pays où ils sont réalisés, ces prêts sont particulièrement risqués pour le pays emprunteur, tant ils dépendent des cours souvent volatiles des matières premières. Selon le think tank Natural Resource Governance Institute (NRGI), ils augmenteraient en outre les risques de corruption et de détournement de fonds.

Combien la Chine a-t-elle réellement prêté sur le continent ? Quels sont les pays qui ont la dette la plus importante vis-à-vis de Pékin ? Qui sont les gouvernements qui ont accepté de signer ces si problématiques RBLs ? Pour répondre à ces questions, Jeune Afrique a passé au crible la stratégie financière de la Chine sur le continent. Pays par pays, les réponses en détail et en chiffres, à découvrir ci-dessous.

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