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Le soleil n’est pas encore tout à fait levé sur la ville de N’Djamena en ce dimanche 13 avril 1975. Les gendarmes en treillis n’ont pas fermé l’œil ces dernières heures. Positionnés sur la rive gauche du fleuve Chari, ils se sont rassemblés à la faveur de l’obscurité. Discrètement, ils ont appliqué le plan de leurs meneurs. Depuis trois jours, leurs frères d’armes, militaires des garnisons d’Am Timan, de Mongo, de Bokoro ou de Bongor, se tiennent prêt à converger vers la capitale, sous les ordres du commandant Vidal Kamougué, principal cerveau des opérations. Eux-mêmes doivent passer à l’action aux premières lueurs de l’aube.
Aux environs de 5 h 30, les premiers coups de feu résonnent dans les rues de la capitale tchadienne. On entend quelques explosions. Les manœuvres sont lancées. Les gendarmes affrontent les combattants de la Compagnie tchadienne de sécurité (CTS). Cette garde prétorienne, que le président Ngarta Tombalbaye a voulu former telle une unité d’élite pour mater les envies de révolte de l’armée régulière, est rapidement débordée. Une heure après les premières détonations, l’électricité est coupée et la Radio nationale tchadienne (RNT) cesse d’émettre. Les putschistes connaissent leur affaire. La conquête du pouvoir se passe à huis clos. Cloîtrés chez eux, les habitants de N’Djamena attendent, fébriles, le verdict des balles.
Il a osé dénoncer les « manœuvres de Monsieur Foccart », le secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines