Même les pires rivaux se donnent du « camarade ». C’est l’appellation d’usage entre militants du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud. C’est donc au « camarade Jacob Zuma » que Cyril Ramaphosa adresse ses vœux de « prompt rétablissement » au lendemain de la sortie de prison de l’ancien chef de l’État pour raisons médicales, le 5 septembre. Cordial et sobre, le président n’a jamais donné l’air de vouloir tirer profit des ennuis de son prédécesseur, malgré leur rivalité.
Condamné à quinze mois de réclusion pour ne pas avoir collaboré avec la commission anti-corruption, Jacob Zuma avait été incarcéré le 7 juillet. « Un triste jour dans l’histoire du mouvement », avait alors commenté Cyril Ramaphosa, en pensant à son parti.
L’incarcération de « JZ » est l’aboutissement d’un long bras de fer judiciaire et politique dans lequel Ramaphosa s’est personnellement investi. Lui et les cadres de l’ANC ont fait pression sur Zuma pour le convaincre de s’asseoir devant les juges. En vain. Zuma refuse de se soumettre à une commission qualifiée de « partiale ». Il voit dans cette instance – qu’il a lui-même créée – un instrument politique destiné à le discréditer.