Politique

Mali : Assimi Goïta, les mercenaires russes et la colère de Paris

La France s’oppose aux négociations entre la junte et une société du groupe Wagner en vue d’un déploiement de mercenaires russes au Mali. Elles pourraient bouleverser toute la stratégie de lutte contre le jihadisme au Sahel.

Mis à jour le 16 septembre 2021 à 14:55
Jeune Afrique

Par Jeune Afrique

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Les révélations ont fait l’effet d’un coup de tonnerre, à Bamako et au-delà : Assimi Goïta serait sur le point de conclure un contrat avec l’une des sociétés du groupe Wagner, l’entreprise de sécurité russe. Au centre des discussions : le déploiement d’un millier de mercenaires pour un « deal » à hauteur de 6 milliards de francs CFA (environ 9,1 millions d’euros) par mois.

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Si aucune confirmation n’est venue de Bamako, la France – qui a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi avoir tué le chef de l’État islamique au Grand Sahara – a déjà exprimé son opposition ferme à ce projet. La présence de mercenaires russes sur le terrain malien serait « absolument inconciliable avec notre présence » et « incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali », a tonné Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères. Paris, qui a déjà annoncé la fin de l’opération Barkhane et le retrait d’une partie de ses troupes du Mali, menace de réduire encore sa participation à la lutte contre les groupes armés jihadistes.

Coup de bluff ?

Mais à Bamako, l’éventuelle arrivée en terres sahéliennes des hommes de Wagner, dont certains sont déjà présents en Centrafrique, en Libye ou encore au Soudan, est applaudie par certains. Une frange de l’opinion publique l’appelle en effet de ses vœux depuis qu’Assimi Goïta a renversé Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020.

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Faut-il y voir, comme certains commentateurs l’affirment, un simple coup de bluff des autorités maliennes vis-à-vis de Paris ? Voire une volonté de la junte de donner des gages à la frange la plus « anti-française » de ses partisans ? Si le contrat venait à être signé, c’est toute la stratégie internationale face aux jihadistes, déjà bousculée par la fin de l’opération Barkhane, qui pourrait s’en voir profondément transformée.