Grand chambardement dans l’appareil diplomatique algérien avec la nomination par le président Abdelmadjid Tebboune, le 5 septembre, de pas moins de 70 ambassadeurs et consuls généraux.
Très attendu par le personnel diplomatique, aussi bien à Alger qu’à l’étranger, ce mouvement intervient deux mois après l’arrivée de Ramtane Lamamra à la tête du ministère des Affaires étrangères.
Une réorganisation très attendue
Première du genre depuis une décennie, cette valse concerne plusieurs grandes capitales, ainsi que des personnalités qui ne sont pas issues de l’appareil diplomatique.
L’ancien Premier ministre Abdelaziz Djerad, en poste de décembre 2019 à juin 2021, est nommé ambassadeur en Suède.
Belkacem Zeghmati, l’ex-ministre de la Justice qui a supervisé les enquêtes visant les responsables du régime de Bouteflika soupçonnés de corruption, entame une nouvelle carrière comme ambassadeur en Tchéquie. Slimane Chenine, président de l’Assemblée nationale de juillet 2019 à février 2021, est nommé ambassadeur en Libye.
Spécialiste des affaires du Sahel et ancien président du Comité de suivi de l’accord de paix au Mali, Ahmed Boutache hérite du poste d’ambassadeur à Washington.
Washington est également touché par ce mouvement avec la nomination de Ahmed Boutache à la place de Madjid Bouguerra. Spécialiste des affaires du Sahel et ancien président du Comité de suivi de l’accord de paix au Mali, Boutache quitte ainsi Rome, où il était arrivé en juin 2019.
Le titulaire du poste d’ambassadeur d’Algérie en France demeure inchangé. Nommé à Paris en octobre 2020, Antar Daoud semble donner entière satisfaction au président Tebboune avec lequel il entretient d’excellentes relations.
Grand raout
Ponctuée par la tenue dans les prochaines semaines d’une conférence qui regroupera l’ensemble des chefs de mission diplomatique et des consuls, cette vaste réorganisation illustre la volonté d’Alger de sortir sa diplomatie de la léthargie dans laquelle l’avait plongée et maintenue l’ancien président Bouteflika, très effacé sur la scène internationale et détenteur d’un quasi-monopole sur l’activité diplomatique de son pays.
Réactivation de la direction générale de la veille stratégique.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, est également chargé de la remise sur pied de la direction générale de la veille stratégique, de l’anticipation et de la gestion des crises qui dépend de son département.
La réactivation de cette direction générale est rendue nécessaire par le regain de tension avec le Maroc à propos du Sahara occidental et par les multiples crises qui affectent l’environnement stratégique du pays, notamment au Sahel et en Libye.
Le renouvellement du personnel diplomatique est également assorti de la création de sept postes d’envoyés spéciaux placés sous l’autorité du ministre des Affaires étrangères.
Flexibilité, efficacité, réactivité
Selon la présidence, ce vaste mouvement a « pour objectif de conférer à l’appareil diplomatique algérien la flexibilité, l’efficacité et la réactivité nécessaires devant permettre au pays de faire face aux multiples enjeux de l’heure ».
Ancien ambassadeur à Bruxelles, Amar Belani a ainsi été chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, deux dossiers qui revêtent une importance capitale pour Alger après la rupture des relations diplomatiques avec Rabat.
Diplomate passé par Addis-Abeba, Genève et Tokyo, Boudjemaa Delmi s’est vu confier les questions africaines, en particulier la géostratégie de l’espace sahélo-saharien et la présidence du comité de suivi de l’application de l’accord d’Alger sur la paix et la réconciliation au Mali. Un poste hautement stratégique compte tenu de l’implication de l’Algérie dans la gestion de la crise qui secoue ce pays frontalier.
Ancien ministre du Commerce et des Finances dans les années 1990, Abdelkrim Harchaoui a pris en charge la diplomatie économique, tandis que Noureddine Aouam a hérité des pays arabes et Mme Leila Zerrougui des grands partenariats internationaux.