Mali : le commandant de la Forsat inculpé pour « meurtres » mais libéré sous la pression des policiers

Un commandant de la Force spéciale antiterroriste (Forsat), Oumar Samaké, a été écroué vendredi pour le rôle présumé qu’il a joué dans la répression sanglante des manifestations de juillet 2020. Mais il a été relâché au bout de quelques heures sous la pression de policiers en colère.

Des manifestants brûlent des pneus et des barricades à Bamako, le vendredi 10 juillet 2020. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Des manifestants brûlent des pneus et des barricades à Bamako, le vendredi 10 juillet 2020. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Publié le 4 septembre 2021 Lecture : 2 minutes.

Le commissaire divisionnaire Oumar Samaké, à la tête des forces spéciales antiterroristes au sein de la police (Forsat), a été placé en détention dans le cadre de l’enquête sur la répression de la contestation du mois de juillet 2020, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Mais Oumar Samaké n’a finalement  passé que quelques heures en détention à Bamako : il a recouvré la liberté après la mobilisation de ses collègues policiers, furieux de son placement en détention, dont un certain nombre ont manifesté, en uniformes et en armes, devant la prison où il avait été transféré.

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Versions contradictoires

Les versions sont à l’heure actuelle contradictoires : pour certains, ce sont les policiers qui l’ont fait relâcher, pour d’autre, ce sont les autorités qui l’ont libéré pour apaiser les esprits.

« Nous avons libéré notre camarade, il est avec nous », a proclamé un syndicaliste policier, Bougouna Baba. Il avait affirmé auparavant qu’Oumar Samaké n’avait fait en 2020 qu’obéir aux ordres.

Ce n’est pas une décision de justice

« Ils sont venus en grand nombre bien armés, tous des policiers. Nous n’avons pas fait la résistance, ils sont partis avec Ousmane Samaké sans incident », a ainsi déclaré un surveillant de prison, Yacouba Touré. Un responsable du ministère de la Justice a pour sa part affirmé que « par souci de paix », les autorités avaient décidé de le faire libérer, sans que les policiers n’entrent dans la prison. « Ce n’est pas une décision de justice », mais une « gestion politique de l’affaire », a-t-il insisté, sous le couvert de l’anonymat, assurant que les investigations, lancées en décembre 2020, continueraient.

D’autres officiers, mais aussi des personnalités civiles, ont été entendus vendredi, a indiqué le même magistrat proche de l’enquête.

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Le 10 juillet 2020, après des semaines de mobilisation contre le président IBK, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) opposé au président Keïta avait dégénéré en plusieurs jours de troubles à Bamako. L’opposition a fait état de 23 morts, et l’ONU de 14 manifestants, dont deux enfants, tués pendant la répression.

Inculpation pour « meurtres »

Des journalistes et témoins ont rapporté avoir vu lors de ces évènements des hommes encagoulés vêtus de noir, arme automatique à la main à l’arrière de pick-ups dans les rues de Bamako, sans marque distinctive. Ils avaient été communément identifiés comme des membres de la Force spéciale antiterroriste (Forsat).

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Cette implication des forces spéciales dans le maintien de l’ordre, qui avait suscité l’indignation, est aujourd’hui au coeur d’une instruction judiciaire dans laquelle le commissaire divisionnaire Oumar Samaké a été inculpé pour « meurtres » et « coups et blessures volontaires aggravés ».

Avec AFP

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