En première ligne, il retrouve sur ces terrains de nombreux anciens collègues, croisés lorsqu’il n’était pas encore aux commandes du ministère de l’Économie et des Finances. Avant d’intégrer le gouvernement de Patrice Talon, dans la foulée de son élection en 2016, Romuald Wadagni a en effet fait carrière au sein du cabinet Deloitte, où il était notamment chargé de l’activité d’audit du cabinet pour l’Afrique francophone. Il y a également été directeur de la branche Qualité et Risques pour l’ensemble des filiales de la société en Afrique. Une expérience qui l’a amené à se constituer un solide réseau sur les places financières internationales. Il a également tissé des liens solides avec certaines personnalités politiques de la sous-région, en particulier en Côte d’Ivoire. Voici le carnet d’adresses du ministre béninois des Finances.
• Les financiers
Romuald Wadagni entretient des relations privilégiées avec l’Éthiopien Abebe Aemro Sélassié, qui a succédé à la Libérienne Antoinette Sayeh à la direction du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI) en 2016, année où le ministre béninois des Finances a lui-même pris ses fonctions au gouvernement.
Les deux hommes, qui se croisent régulièrement dans les évènements internationaux, échangent par ailleurs régulièrement en privé. Sélassié considère Wadagni comme un précieux relais auprès des autres ministres des Finances africains, auprès desquels le Béninois bénéficie d’une bonne image.
Ancien banquier, Cissé bénéficie toujours d’un siège au conseil des ministres des Finances et du Budget de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (Uemoa). C’est dans ce cadre que les deux hommes ont notamment travaillé main dans la main sur l’épineux dossier de la réforme du franc CFA. Abdourahmane Cissé, pour le compte d’Alassane Ouattara, et Romuald Wadagni, pour celui de Patrice Talon, ont été centraux dans les complexes négociations, tant au sein de l’instance sous-régionale qu’avec Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie.
Comme avec Abdourahmane Cissé, Romuald Wadagni et Tiémoko Meyliet Koné ont beaucoup travaillé sur le dossier de la réforme du franc CFA, dont le calendrier a été sensiblement retardé par la pandémie de Covid-19. Le gouverneur de la BCEAO, qui manque rarement une occasion de saluer le bilan financier du Bénin, a notamment félicité le ministre Béninois – publiquement – lors de la première émission d’un Eurobond ODD, en juin dernier.
Le ministre béninois entretient également des liens étroits avec le Britannique Nick J. Darrant. Depuis mai 2020, cet ancien de JP Morgan codirige le bureau «Debt Capital Market » (DCMréseaux), qui intervient sur les marchés des capitaux de la dette en Europe, au Moyen-orient et en Afrique. Il échange également très régulièrement avec Anne-Laure Kiechel, fondatrice et PDG de Global Sovereign Advisory (GSA), un cabinet indépendant créé en 2019 qui conseille une vingtaine d’États sur les questions financières. Après être passée par Lehman Brothers, Anne-Laure Kiechel a notamment dirigé le secteur du conseil aux États – le Sovereign Advisory Group – au sein de Rothschild & Co. Autre financier proche de Romuald Wadagni : le Britannique John Lentaigne, qui dirige la branche « Crédit et politiques des risques » au sein de Tysers, l’un des principaux courtiers en assurances de la place financière londonienne.
• Les politiques
Expert-comptable, comme Wadagni, Dagnon est également associé majoritaire de la Fiduciaire d’Afrique, une société du réseau Exco, qui couvre 26 pays africains.
Les deux hommes échangent sur les questions macro-économiques et financières. Romuald Wadagni a notamment été consulté par les autorités ivoiriennes lorsqu’elles ont décidé de repousser l’émission d’un eurobond initialement prévue en juillet dernier.
Bien qu’ils soient politiquement aux antipodes, les deux hommes assurent chacun de leur côté adopter une posture «apolitique » quand il s’agit des questions de développement. En janvier dernier, le Franco-Béninois n’avait d’ailleurs pas hésité à s’attirer les foudres de ses (anciens ?) alliés politiques en saluant les succès engrangés par Wadagni sur les marchés internationaux, lors de la double émission d’eurobonds réalisés par le Bénin début 2021.
Nombreux sont ceux, à Cotonou, à prêter à Romuald Wadagni des ambitions politiques. Lui affiche au contraire une posture « non partisane». Au sein du gouvernement, il entretient d’ailleurs de bonnes relations tant avec Abdoulaye Bio Tchané, le très central ministre d’État chargé du développement et de la coordination gouvernementale, qui dirige le Bloc républicain (au pouvoir), qu’avec Pascal Irénée Koupaki, ministre d’État et secrétaire général de la présidence qui, lui, est secrétaire national de l’Union progressiste (UP). Mais, si les ambitions prêtées au ministre béninois venaient à se concrétiser, l’aura dont bénéficiait son père devrait être un atout essentiel dans la conquête d’une «base » politique et dans la constitution d’un réseau d’élus de terrains.